Jean-Charles Kollros s'est adapté au point même de faire du côté bagarreur des Valaisans le principal motif de sa passion: «Le Valais, c'est une terre de débats, on peut dire les choses en face, s'invectiver, mais tout en s'estimant. Ça, je ne l'ai jamais trouvé dans le canton de Vaud, ça me plaît, le côté combats de reines où il faut parfois même séparer les adversaires. C'est le côté âpre et rude du Valais.»
Un Valais âpre et rude sorti droit des cartes postales, et que Jean-Charles Kollros goûte tous les jours au-dessus de Chamoson, où il réside désormais. Il aime tellement Chamoson que le voilà candidat aux élections communales. «Je ne veux pas allumer une guerre ici, d'autant moins que je veux faire de ma fille de 10 mois une vraie petite chamosarde.» A Chamoson, on reste dubitatif face à ce nouveau citoyen un peu encombrant, comme l'expliquent des sources proches de l'administration communale: «On ne sait pas trop qui il est, ce qu'on sait, c'est qu'il touche le chômage et vit de petits boulots journalistiques, et que partout où il est passé il a laissé des ardoises et des casseroles.»
Son premier mandat valaisan – le Labyrinthe aventures à Evionnaz – s'est terminé en brouilles diverses, d'ordre aussi bien économique que privé. Sorti du labyrinthe, Jean-Charles Kollros assoit sa réputation en Valais en organisant des débats contradictoires – les disputes d'Octodure, puis les querelles de la Matze – sur des thèmes tous plus ou moins incendiaires – le loup, l'avortement, les canons à neige, Téléverbier, etc.: «Il s'agissait de faire se rencontrer des gens qui ne puissent plus se contenter, après leur avoir serré la main ou bu un verre avec eux, de dire simplement de leurs adversaires, ce sont des affreux.»
Le député socialiste Pierre-André Milhit, responsable de l'hebdomadaire Le Peuple valaisan, ne croit pas un instant à la sincérité de cet amour pour le débat démocratique: «Kollros, c'est un couteau multifonctions au service d'une collection d'idées de droite; les débats qu'il organise ne servent qu'à mettre en valeur des thèmes chers à l'UDC.» Ceux qui ont participé à ces fameuses querelles ou disputes en gardent d'ailleurs un souvenir cuisant, tel le président des radicaux valaisans, Léonard Bender: «J'avais été invité notamment à des débats sur l'interruption de grossesse ou les naturalisations, dans des salles à 95% hostiles, c'est-à-dire UDC, et c'était lui qui jouait le rôle de modérateur. Le terme de modérateur pour Kollros me semble pour le moins inapproprié.» Ou encore le journaliste Eric Felley qui affronta les maquereaux des cimes, sous l'arbitrage de Kollros, et dans le cadre de l'affaire Téléverbier: «Kollros, c'est un opportuniste-né, capable de toutes les contorsions pour toucher à tous les râteliers. Travailler à la fois pour Bernard Comby et Oskar Freysinger, il faut le faire quand même.» Pour le sociologue Gabriel Bender, le personnage serait même «carrément nuisible. Cet homme qui défend les nudistes et dépasse nos intégristes sur leur droite, fait le lien en Valais entre les néolibéraux et les conservateurs catholiques.» Ce reproche de «bouffer à tous les râteliers», Jean-Charles Kollros les balaie un à un.
Son engagement à l'UDC? «Je suis bénévole, je dirais même que depuis que je suis à l'UDC, les mandats ne tombent plus comme des cailles farcies.» Le protestant au secours d'Ecône? «Je me suis converti au catholicisme il y a sept ans, je trouve le catholicisme plus humain et plus généreux que le protestantisme. Par rapport à Enbiro, je regrette que les catholiques valaisans soient à leur tour devenus des tièdes. Ce que je redoute dans ce conflit avec les musulmans, c'est qu'il s'agit d'un débat entre des tièdes d'un côté et des gens convaincus de l'autre. Le débat serait plus fort entre gens convaincus des deux côtés.»
Son poste à l'Institut Kurt Boesch? «Bernard Comby est un homme assez intelligent pour ne pas exiger de ses collaborateurs une carte de membre du Parti radical.» Les nudistes des Grangettes, les 4x4, les molosses? «Je suis trop pudique moi-même pour être un nudiste, mais il s'agit de s'opposer aux extrémistes de l'écologie qui voudraient barricader la nature. Le meilleur moyen de défendre la nature, c'est de permettre à l'homme d'y aller.»
De toute façon, Jean-Charles Kollros, dont l'invective préférée semble être «taliban» (les talibans de la pensée unique, ceux de l'écologie, etc.), affirme ne rien tant aimer que les adversaires coriaces: «Sinon, j'ai toujours mauvaise conscience de les attaquer.» L'étymologie aura le dernier mot. Kollros: «Cheval noir comme le charbon.»