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Jean-Michel Cina pose un moratoire sur l’hydraulique

Le conseiller d’Etat valaisan a communiqué sa décision de ne pas entériner de concessions hydrauliques durant les cinq prochaines années. Une mesure d’urgence face à une décision politique que le Valais n’arrive pas à prendre

Aucune homologation de concession anticipée ne sera validée par le gouvernement valaisan durant les cinq prochaines années si le parlement entérine la décision prise hier par le Conseil d’Etat. Tout le monde attendait le décret urgent du conseiller d’Etat Jean-Michel Cina. Même des membres de son propre parti disait encore il y a quelques jours qu’il y avait urgence. A première vue, cette décision paraît forte et enfin salvatrice pour un canton où les grandes entreprises électriques ont souvent déjà entamé des négociations avec les communes pour renouveler les concessions leur permettant d’user de la force hydraulique des torrents. Pourtant, elle est en définitive un moratoire en attendant une véritable décision stratégique.

Le communiqué définit en effet, les grandes lignes de la politique valaisanne en des termes assez vagues pour créer un consensus. «L’énergie hydraulique sert à la sécurité d’approvisionnement en Valais et en Suisse, le potentiel du canton doit être exploité de manière optimale». Seule l’une des ces affirmations semblent barrer la route au renouvellement pur et simple des concessions telles que signées actuellement avec les grands groupes électriques nationaux et étrangers: «La majorité des revenus provenant de la production indigène doit rester en Valais.»

Dans les multiples bras de fer qui voient s’opposer communes concédantes et non-concédantes, Confédération, distributeurs et concessionnaires, le canton a le pouvoir d’homologuer, ou pas, les contrats signés entre les concessionnaires et les communes. Et c’est sur cette base-là que Jean-Michel Cina décide «de ne pas conclure d’homologation pendant la période transitoire, tant que le canton n’a pas défini sa politique.» C’est qu’il manque un outil crucial au conseil d’Etat pour valider ou non les concessions. Alors que la loi cantonale stipule que l’exécutif n’homologuera une concession que si elle correspond au bien public, l’ordonnance qui devrait établir les critères définissant le bien public n’a jamais été écrite. «Nous attendons depuis 2005 que ce vide juridique soit comblé», lâche Jean Pralong, ancien directeur des forces motrices valaisannes et membre de la commission cantonale chargée de proposer des solutions au retour des concessions. Les tensions politiques sont si vives entre partisans d’une solution très étatisée et les défenseurs de la propriété des communes que ces points ne sont toujours pas éclaircis.

La décision du jour, somme toute, ne consiste qu’à repousser le problème à dans cinq ans.