Dépistage
Alors que la campagne de vaccination ralentit, les autorités pointent une mauvaise habitude surtout présente chez les plus jeunes: une partie de la population suisse préfère l’écouvillon dans le nez à la piqûre dans le bras. De quoi freiner le retour à une «vie normale»

Les prises de rendez-vous dans les centres de vaccination sont en baisse. Alors que des citoyens et citoyennes se sont rués sur leurs ordinateurs et téléphones les mois derniers pour obtenir un créneau, les plages disponibles ce mois de juillet restent étonnamment vacantes. Vendredi, le chef de l’Etat-major cantonal de conduite Denis Froidevaux confiait son inquiétude auprès de l’agence de presse Keystone-ATS: «Seules quelques dizaines de personnes viennent se faire vacciner sans rendez-vous ces jours […] La vague des vaccinations est passée. Nous observons une chute vertigineuse des réservations depuis quelques jours. Cela nous interpelle et nous inquiète même au plus haut point […] Si nous voulons retrouver une vie normale cet automne, il faut se réveiller.»
Transformer les centres de vaccination
Et pour lui, celles et ceux qui ne se réveillent pas ont principalement entre 20 et 50 ans. «Actuellement, le taux de vaccination de cette population est à peine au-dessus de 50%», regrette-t-il. Si les doses de vaccination semblent ne pas avoir la cote auprès de ce public, les tests rapides antigéniques et PCR semblent quant à eux être particulièrement prisés. Seules les personnes déjà vaccinées ou présentant un test négatif sont autorisées à entrer dans les établissements nocturnes. Les pharmacies sont donc particulièrement sollicitées en fin de semaine pour que les fêtards puissent profiter de leur week-end. Si la ville de Lausanne a mis en place des permanences, où l’attente avoisine les deux heures, toutes les villes de Suisse n’ont pas opté pour ce procédé.
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Pourtant, la généralisation du système permettrait de désengorger les pharmacies. L’association suisse des pharmaciens aimerait ainsi transformer les centres de vaccination du pays en centre de tests le week-end. Interrogée par le Blick, Martine Ruggli, présidente de PharmaSuisse, estime que cette «transformation pourrait se faire facilement puisque le personnel de santé est déjà sur place dans les centres de vaccination.» Elle rappelle que le rythme de travail actuel est intense. «La demande est si forte que beaucoup de pharmacies ne peuvent pas suivre.» En cause: la durée de validité des résultats du test, qui n’est que deux jours. Les personnes qui se font dépister le font donc pour aller en soirée in extremis ou pour partir en voyage quasi-immédiatement.
Une seule issue
Deux motivations qui nécessitent davantage de tests en fin de semaine. «Beaucoup voyagent le samedi, le volume des tests pendant et avant le week-end est extrêmement important», pointe Martine Ruggli. Des pharmacies ont décidé d’étendre leurs horaires, en ouvrant leurs portes à six heures du matin et en les fermant plus tard qu’habituellement. «Certaines effectuent même des tests le dimanche. Mais nous sommes en train d’atteindre les limites en termes de ressources humaines et de locaux disponibles», avertit la présidente. Pour elle, comme pour Denis Froidevaux, la meilleure solution réside dans la vaccination de la population.
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Car si les pharmacies croulent sur les demandes, c’est parce que les intéressés qui se rendent en soirée ou partent en vacances à l’étranger ne disposent pas d’un certificat de vaccination. Certains n’ont pas encore reçu leur deuxième dose, d’autres n’ont tout simplement pas entamé ce processus. Selon un sondage de la SSR réalisé par l’institut de recherche Sotomo et publié ce vendredi, le vaccin est un sujet clivant sur le territoire. Si 60% des sondés signalent avoir reçu une ou deux doses de vaccin, seuls 2% des 40% restants souhaitent se faire vacciner, 12% préfèrent attendre et 25,5% ne se feront pas vacciner. La majorité des indécis et de ceux qui expriment un refus catégorique ont justement entre 15 et 44 ans.