Les jeunes socialistes devraient réussir à récolter assez de signatures pour leur initiative «99%»
Initiatives fédérales
Pour la 3e fois en dix ans, les Jeunesses socialistes parviennent à faire aboutir une initiative populaire, cette fois-ci pour imposer les revenus du capital. Preuve qu’après deux échecs elles espèrent toujours changer le monde par les urnes

Avec 115 000 signatures, l’initiative «99%» des Jeunesses socialistes a d’ores et déjà atteint le nombre requis de paraphes, alors que les dix-huit mois impartis n’échoient qu’en avril 2019. La présidente du parti, Tamara Funiciello (JSS/BE), met toutefois en garde contre tout triomphalisme: de nombreuses signatures sont souvent invalidées une fois déposées. La récolte se poursuivra donc jusqu’au bout pour confirmer la tendance.
Si le texte aboutit, le peuple se prononcera sur le fait d’imposer les revenus générés par le capital (dividendes et taux d’intérêt) de manière plus importante que l’imposition sur le revenu. 100 francs touchés en dividendes seraient ainsi taxés comme 150 francs en salaire. Les initiants prévoient cependant de n’imposer les revenus du capital qu’à partir de 100 000 francs. Ils espèrent ainsi toucher les 1% des personnes les plus riches et alléger les 99% restants, d’où le nom de leur initiative.
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Ce sera alors la troisième copie en dix ans que les jeunes militants socialistes présenteront en votation, depuis l’initiative 1:12 en 2009 qui visait à limiter le salaire des patrons, et l’initiative contre la spéculation sur les denrées alimentaires en 2014.
Si la relève socialiste semble être prolifique, ses chances de victoire restent minces: les deux premières initiatives ont été balayées à 65% et 60%, tandis que la prochaine promet également d’être l’objet d’un rude combat. Tamara Funiciello relativise cependant ces défaites: «De manière générale, peu d’initiatives sont acceptées par le peuple.» Samuel Bendahan (PS/VD), conseiller national et membre du comité d’initiative, renchérit: «Une initiative de gauche est difficile à faire passer, on ne part pas gagnant d’avance.»
«Nous nous battons pour gagner»
La majorité du PS semble soutenir le texte: il a été approuvé par les délégués l’année dernière et le président du parti, Christian Levrat, fait partie du comité d’initiative. Mais l’initiative n’en est pas moins critiquée par la «plateforme réformiste du Parti socialiste», où se réunissent des Alémaniques qui se veulent plus modérés. Emmenée par les conseillers aux Etats Daniel Jositsch (PS/ZH) et Pascale Bruderer (PS/AG), cette plateforme estime que les mesures proposées vont à «l’encontre de principes sociaux-démocrates», comme l’égalité de traitement devant l’impôt.
Il en faudrait plus pour refroidir les ardeurs des Jeunesses. «Nous nous battons pour gagner», assure la bouillonnante présidente des JSS. Tamara Funiciello pense toucher une corde sensible avec ce texte: «Contrairement à l’initiative 1:12, nous ne nous attaquons pas ici à de l’argent que les gens touchent en travaillant, mais à de l’argent que les gens gagnent parce qu’ils en ont déjà.»
A ceux qui lui reprochent de n’être pas assez pragmatique, elle rétorque: «Trop radicale notre initiative? Le problème, c’est que les 300 personnes les plus riches de Suisse se sont enrichies de 60 milliards l’année dernière, ce qui est presque l’équivalent du budget fédéral, alors qu’on nous dit qu’il n’y a plus d’argent pour renflouer l’AVS.»