A l’occasion de la Fête nationale, plusieurs conseillers fédéraux ont évoqué les défis et changements qui attendent la Suisse: assouplissement du secret bancaire, immigration ou politique européenne. Dans ce contexte, le président de la Confédération, Ueli Maurer, a appelé les citoyens à se défendre contre les «juges étrangers». Tout comme Christoph Blocher et Christophe Darbellay.

Dans leurs discours du 1er Août, plusieurs membres du gouvernement ont évoqué les relations entre la Suisse et l’Union européenne. S’exprimant à l’ambassade de Suisse à Riga, en Lettonie, le ministre des Affaires étrangères, Didier Burkhalter, a fermement défendu le principe de la souveraineté nationale. Il n’est pas question de céder sur l’idée d’une reprise automatique du droit européen: «Il n’y aura pas d’automatisme, sous quelque forme que ce soit. Pour nous, c’est ce qui s’appelle une politique européenne souveraine, dans le véritable sens du terme», a insisté le conseiller fédéral PLR.

«Mise sous pression»

En matière de politique européenne, le chef du Département fédéral de l’intérieur, Alain Berset, a préconisé le «pragmatisme dans notre propre intérêt». L’UE constitue «de loin notre partenaire le plus important». Le socialiste, qui a rencontré les citoyens à Moudon (VD) et à Stansstad (NW), a toutefois dit comprendre que la Suisse se sente «mise sous pression».

Ce sont précisément ces «attaques répétées» de certains grands pays et de quelques organisations internationales qui inquiètent le président de la Confédération, Ueli Maurer. Dans son discours prononcé dans neuf localités aux quatre coins de la Suisse et dans son allocution radiotélévisée, le ministre UDC a exhorté le peuple à ne jamais renoncer ni à la liberté ni à l’indépendance face à ces pressions. Comme le berger David devant le géant Goliath, la Suisse ne doit pas se laisser impressionner par la taille de son adversaire, estime-t-il, citant cet épisode de la Bible. Si elle ne cède pas, elle continuera à être prospère. Par contre, «plus nous ferons de concessions, plus les prochaines exigences seront fortes».

Comme souvent dans ses allocutions, le Zurichois s’est référé au Pacte fédéral de 1291, qui proclame «que nous ne voulons pas de juges étrangers». Ses déclarations interviennent alors que le Conseil fédéral vient de fixer sa nouvelle approche européenne, qui donne à la Cour de justice de l’UE un plus grand rôle dans la résolution des questions institutionnelles avec l’UE.

«Sacraliser le droit interne»

D’humeur plus belliqueuse, Christoph Blocher, conseiller national UDC et ancien conseiller fédéral, a, dans la commune de Salmsach (TG), notamment qualifié les Etats-Unis et la France d’assaillants dans un contexte de «guerre économique», en allusion au conflit fiscal et aux attaques contre les banques suisses. «Le peuple doit se battre: nous ne voulons pas de juges étrangers», a-t-il souligné. Le président du PDC, Christophe Darbellay, a tenu des propos similaires, en critiquant Didier Burkhalter, devant ses auditeurs à Saas Balen (VS): «C’est notre ministre des Affaires étrangères qui me fait le plus de soucis. Au lieu de fortement et clairement défendre nos intérêts, il est devenu le ministre de la capitulation. Dernier acte dans ce théâtre du repli: l’affirmation donnée à l’UE qu’on veut se plier devant des juges étrangers!»

Dans un communiqué diffusé jeudi après-midi, le PLR a déploré que la Fête nationale ait servi de prétexte à l’UDC et au PDC pour montrer leur opposition aux juges étrangers. «Ils veulent sacraliser le droit interne au détriment du droit international. Le PLR s’oppose à des telles propositions extrémistes et préfère une solution constructive traduite dans un papier de position», souligne-t-il.

Eveline Widmer-Schlumpf a, elle, notamment cité la place financière. Ce secteur doit apprendre de ses erreurs, a-t-elle déclaré à Arch (BE). «Ce n’est pas dans notre intérêt de nous faire passer toujours pour des victimes», a poursuivi la ministre PBD des Finances. Un Etat qui a une identité forte peut se montrer ouvert au changement, a déclaré comme en écho Simonetta Sommaruga à Farvagny (FR). Pour sa part, Doris Leut­hard a plaidé pour le soutien de la population dans la réalisation et le financement des infrastructures importantes. Les régions isolées ne doivent pas être désavantagées, a estimé la ministre PDC des Transports, à Lavizzara (TI). Johann Schneider-Ammann s’est lui rendu sur la praire du Grütli, sur laquelle étaient réunies environ 1100 personnes, dont 400 footballeurs. «Il faut jouer collectif sur la pelouse, mais aussi au bureau, dans les ateliers, et au quotidien», a déclaré le ministre PLR.