Les années se suivent et se ressemblent. Au mois de juin, le ciel s’abat sur la Suisse. En 2013, le 20 juin, un violent orage balaie la Suisse romande et frappe de plein fouet la Fête fédérale de gymnastique à Bienne, faisant 39 blessés. L’année dernière, Lausanne s’est retrouvée submergée, en quelques minutes, le 11 juin. Et cette année n’échappe pas à la règle.

Samedi en début de soirée, le ciel a déversé des trombes d’eau, et de grêle par endroits, le tout accompagné de vents tempétueux. Le bassin lémanique a été particulièrement touché par cet épisode orageux, qui a coûté la vie à une touriste dans le naufrage d’un bateau de plaisance sur le lac Léman, au large de Vésenaz.

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«Le mois de juin est particulièrement propice à ce type de phénomène, explique Olivier Duding, météorologue à MétéoSuisse. A l’approche du solstice d’été, le soleil fait quelque part office de cocotte-minute. Il est très haut dans le ciel et les températures sont déjà élevées. Mais de l’air frais arrive depuis l’océan Atlantique, dont la température est encore basse. Ce conflit de masses d’air chaud et d’air froid provoque la création de cumulonimbus et favorise de violents orages, comme celui vécu samedi soir.»

Nuit chargée pour les pompiers

Les dégâts occasionnés sont nombreux: inondations, chutes d’arbres ou encore dommages aux toitures. A Genève, le toit du Musée d’art et d’histoire de la ville n’a pas résisté aux pluies diluviennes et de l’eau s’est infiltrée dans le bâtiment. Les quelque 300 pompiers du bout du lac à pied d’œuvre sont intervenus à plus de 500 reprises durant la nuit de samedi à dimanche. Dans le canton de Vaud, la police a reçu près de 700 appels et procédé à 350 interventions, sans compter la quarantaine réalisée en ville de Lausanne par les pompiers.

«L’impact de ces intempéries est toujours plus important dans les villes que dans les campagnes, souligne Olivier Duding. La surface végétalisée étant nettement moins abondante dans les agglomérations, l’eau peut plus difficilement s’infiltrer dans le sol.» Samedi, les précipitations les plus soutenues n’ont pas été enregistrées dans les grandes villes lémaniques, mais à Cossonay (VD), où il est tombé 23 millimètres d’eau en dix minutes.

«Nous sommes loin du record de Suisse de Lausanne en juin 2018, mais c’est tout de même remarquable», précise MétéoSuisse sur son site internet. L’année dernière, il était tombé 44 millimètres, dans le même laps de temps, sur le chef-lieu vaudois. Mais les deux événements sont difficilement comparables, puisqu’il s’agit de phénomènes différents, insiste Olivier Duding: «L’orage qui a balayé Lausanne l’an passé était très localisé et d’une durée limitée à une trentaine de minutes. Samedi, il s’agissait d’une situation plus dynamique avec un front orageux d’envergure. Il s’est déplacé, balayant sur son passage une zone s’étirant du massif Central à la Suisse orientale.»

L’état de catastrophe naturelle décrété en France

En France, la région Rhône-Alpes a particulièrement souffert du passage de cet épisode orageux, qui a fait une victime. La grêle a fait des ravages dans les cultures. «Pour la plupart des récoltes, c’est entre 80 et 100% de pertes», a affirmé Didier Guillaume, le ministre français de l’Agriculture, sur BFMTV. La situation a poussé, dimanche, le gouvernement français à décréter l’état de catastrophe naturelle.

La violence du phénomène a visiblement diminué au fil de son avancée. «A son arrivée sur la Suisse, l’orage était déjà en train de changer de structure. La grêle a notamment été moins violente qu’en Isère, par exemple», précise Olivier Duding. Mais cela n’a pas empêché les dégâts. «L’estimation est, pour l’heure, difficile à établir, mais il y a des dégâts importants dans plusieurs régions du canton, souligne Sarah Tremblet, de l’Association genevoise des vignerons-encaveurs indépendants. Etant donné que nous sommes en période de pleine fleur, la vigne est très fragile et la récolte, touchée par la grêle et les fortes pluies, est perdue.»