Des décideurs et des scientifiques, accompagnés de journalistes français, n'ont pas manqué de se faire remarquer cette semaine du côté de Saint-Ursanne. La France doit prochainement se décider sur un lieu d'implantation d'un laboratoire d'étude pour le stockage de déchets nucléaires. Aussi une délégation de l'Hexagone est-elle récemment venue jeter un coup d'œil au laboratoire souterrain du Mont-Terri. Un exemple unique en son genre en matière d'étude de roches argileuses aux caractéristiques hydrogéologiques particulières.
Pourquoi le Mont-Terri fait-il courir les Français dans le Jura? Lors de l'excavation de la galerie de reconnaissance de la Transjurane, à Saint-Ursanne en 1989, on a découvert une portion d'argile dite à Opalinus. Très ferme, compactée et très peu perméable avec une capacité à autocicatriser ses fissures grâce à un peu d'eau, cette marne présente des caractéristiques appréciables pour l'entreposage de déchets hautement radioactifs ou chimiques. En 1995, la Cedra (Société coopérative nationale pour l'entreposage de déchets radioactifs) a ainsi lancé un projet international d'étude de ces argiles, placé sous la responsabilité de l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP).
Quatre millions par année
Il regroupe des partenaires suisses, français – notamment l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, correspondante de la Cedra –, espagnols, belges, japonais et allemands. Avec un budget de quatre millions de francs par année, le laboratoire souterrain du Mont-Terri permet des études scientifiques sur l'hydrogéologie, la géochimie et la géotechnique des argiles à Opalinus. Situé dans une galerie de quelques centaines de mètres branchée sur le tunnel de reconnaissance de la Transjurane, dans le ventre de la montagne, il offre l'avantage unique d'un accès aisé. Et la possibilité pour les scientifiques des différents pays de confronter leurs expériences. Il sera officiellement inauguré en septembre.
Ces prochaines semaines, la France devra, quant à elle, trancher entre le Gard et la Marne (est de la France), pour y implanter un laboratoire semblable au jurassien, qui découlera sans doute sur un site
d'entreposage de déchets radioactifs. Côté jurassien, aucun dépôt n'est envisagé.
En 1995, le gouvernement a en effet donné une autorisation pour des études, mais exclu tout stockage. Autorisation réitérée en 1997. D'une manière plus générale en Suisse, deux lieux dans la région de Zurich sont actuellement pressentis pour accueillir de tels stockages, mais qui se concrétiseraient au plus tôt dans une quinzaine d'années.