Boncourt, ses cigarettes, sa tristesse
Reportage
AbonnéDepuis plus de deux cents ans, le village ajoulot vit au rythme du tabac. Alors que British American Tobacco envisage de délocaliser ses activités à l’étranger, ses habitants témoignent leur inquiétude et leur volonté de se battre jusqu’au bout pour sauver ce qui peut l’être

Lundi, 6h40. Le soleil se lève sur le village jurassien de Boncourt, teintant d’une lueur de braise les murs de British American Tobacco (BAT). Pour atteindre l’imposant portique de sécurité menant au site de production du cigarettier, il faut franchir un pont, sous lequel coule docilement l’Allaine. Mais l’heure n’est pas à la recherche de jeux de mots douteux sur les odeurs de tabac froid. Quatre jours plus tôt, les collaborateurs ont appris que leur employeur étudiait une probable délocalisation de ses activités à l’étranger. Ils sont 220 à venir fabriquer chaque jour des Parisienne, Select, Kent, Lucky Strike ou encore Dunhill, et à craindre pour la pérennité de leurs emplois.