Le Jura ne veut plus de téléphones portables dans ses écoles
Enseignement
Après Vaud en 2019, le Jura généralise l’interdiction des portables dans l’enceinte des établissements scolaires du canton, cours et préaux compris. La mesure, qui prévoit des sanctions, entrera en vigueur en août 2020

Les élèves jurassiens devront éteindre et ranger leur portable au fond de leur sac à dos dès leur arrivée à l’école. Sous peine de voir leur appareil confisqué durant cinq jours, une sanction qui double en cas de récidive, avec une restitution de l’objet en présence des parents. Le Jura a en effet décidé une mesure forte, celle de bannir complètement les téléphones de l’enceinte de l’ensemble des établissements primaires et secondaires du canton, préaux et cours de récréation compris. Annoncée ce jeudi matin à Delémont, la mesure sera progressivement introduite durant le second semestre de l’année scolaire en cours, pour une entrée en vigueur pleine le 1er août 2020.
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«Un frein à la socialisation»
Devant les médias, le ministre PDC Martial Courtet, chef du Département jurassien de la formation, de la culture et des sports, a détaillé les différentes réflexions qui ont abouti à cette directive: «Le téléphone portable est à la fois une nuisance à la qualité d’écoute et à la concentration des élèves, ainsi qu’un frein à la socialisation et au vivre-ensemble.» De même, selon lui, une telle interdiction permet également de limiter le cyberharcèlement scolaire, en évitant toute vidéo ou photo volée au sein du périmètre de l’école, et une meilleure prise en compte de la santé des élèves électrosensibles.
Après Vaud en 2019, le Jura est le deuxième canton romand à se doter d’une telle directive à l’échelle cantonale. Dans d’autres cantons, des interdictions de téléphones portables durant le temps scolaire existent également, mais elles sont souvent réglées au niveau des établissements scolaires. C’était le cas jusqu’ici pour le Jura. «Notre volonté est justement d’harmoniser la pratique et ainsi offrir une équité de traitement entre tous les écoliers jurassiens, notamment en matière de sanction», souligne encore Martial Courtet.
Large consensus
«Fruit d’un large consensus, cette mesure est l’aboutissement d’une démarche participative» entre les différents partenaires du milieu scolaire, selon les termes de Fred-Henri Schnegg, chef du Service jurassien de l’enseignement. Directeur du Collège Thurmann à Porrentruy, Patrick Bandelier se félicite ainsi de cette directive cantonale. L’homme insiste sur la problématique de la socialisation: «Il n’est pas rare que j’observe à la récréation plusieurs enfants assis côte à côte, pianotant sur leur écran de téléphone, sans aucune interaction entre eux. Il est nécessaire de renverser cette tendance.»
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Si la directive prévaut également pour les activités hors établissement (courses d’école, camps…), le canton du Jura ne souhaite néanmoins pas une mesure «jusqu’au-boutiste». Les autorités laisseront une certaine marge de manœuvre aux enseignants, qui pourront autoriser l’utilisation du téléphone portable pour un usage pédagogique. Une autonomie que salue Samuel Rohrbach, président du Syndicat des enseignants romands (SER): «Nous avons toujours été favorables à une interdiction des téléphones portables au sein des écoles, pour autant qu’elle ne soit pas stricte et laisse une liberté pédagogique aux enseignants.» Il salue la mesure jurassienne, qui «a le mérite de clarifier les choses».