Partant de ce constat, les collectivités locales, appuyées par le Conseil régional de Rhône-Alpes, le département de la Haute-Savoie et l'Etat, ont décidé de mettre en place un programme de lutte contre l'exclusion sociale, défini dans un contrat de Ville signé mardi. Echelonnée jusqu'en 2006, une enveloppe de 230 millions de francs français (57,5 millions de francs suisses) va être injectée à titre préventif ou curatif. Les actions seront ciblées sur certains quartiers, ou généralisées à l'ensemble des six communes annemassiennes (Ambilly, Annemasse, Etrembières, Gaillard, Vétraz-Monthoux et Ville-la-Grand), qui constituent une agglomération de près de 60 000 habitants.
Genève, source de problèmes pour Annemasse?
«Les problèmes sociaux sont dopés par la proximité de Genève», estime Joëlle Dupont, responsable de l'administration du syndicat de l'agglomération, qui a participé à la rédaction du contrat de Ville. Les fortes disparités salariales, l'inégalité des niveaux de vie et le déracinement des familles venues pour trouver l'eldorado favoriseraient une délinquance dont la croissance depuis 1993 est préoccupante, alors que la moyenne nationale baisse. Au cours des six derniers mois, les vols de véhicules ont augmenté de 53% par rapport à la même période en 1998. La paupérisation touche une tranche de la population chaque année plus importante. Les 1400 personnes qui perçoivent un RMI de 2400 francs français (600 francs suisses) ont un pouvoir d'achat de 33% inférieur à celui des Rmistes du département de la Lozère.
Entre autres remèdes, le contrat de Ville prévoit de créer des entreprises d'insertion pour favoriser le retour à l'emploi, des cours de soutien scolaire ou encore une Maison de la justice et du droit. Cette dernière permettrait le traitement rapide de certaines affaires de petite et moyenne délinquance, et le règlement des litiges par la médiation. Les mesures propres aux zones sensibles privilégient la participation de la population à la vie de quartier. Ce rapprochement entre les habitants peut survenir par l'apprentissage du français – Renée Magnin, maire de Gaillard, se plaît à noter que sur les 10 000 administrés qui composent sa commune, 91 nationalités sont représentées –, ou par la création de lieux de rencontre. Ainsi, Gaillard va se doter d'un centre culturel, de salles polyvalentes et d'aires de jeux. Les commerces de quartier, qui font habituellement défaut à proximité des immeubles dortoirs, seront incités à s'y installer. L'accent sera également mis sur la prévention et la sécurité. D'ailleurs, preuve que le contrat de Ville a débuté: cette semaine, à Helvetia Park, un interphone va être installé en bas de l'immeuble de Jean.