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Il s’est saisi de son bâton de pèlerin pour aller prêcher la bonne parole à travers le pays. A la mi-janvier, il s’est exprimé à l’Albisgüetli devant un parterre d’élus de l’UDC zurichoise forcément imperméables à ses arguments. Il a enchaîné jeudi à Lugano, où il a tenu un discours pédagogique et professoral devant une brochette d’étudiants de l’Université de la Suisse italienne. Parfaitement trilingue, le Tessinois poursuivra ce travail de bénédictin. C’est très bien.
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Mais il semble croire un peu benoîtement que les médias doivent boire ses paroles et s’interdire de s’interroger sur ce que veut réellement le Conseil fédéral. L’appel maladroit qu’il a lancé mercredi soir à des journalistes perplexes est déplacé. Ceux-ci ont souligné la cacophonie qui a marqué les interventions de plusieurs conseillers fédéraux à Davos. C’est leur rôle. Cela l’est d’autant plus que la dissonance est bien réelle.
Insurmontables différences?
Les deux ministres UDC ont une approche différente de leurs collègues et Ueli Maurer ne rate aucune occasion de le faire savoir. La cacophonie est devenue encore plus audible après le 9 février 2014, date de l’acceptation de l’initiative sur l’immigration. Les trois membres du gouvernement directement concernés par le dossier européen se sont alors laissé guider par leur propre agenda. Didier Burkhalter avait la délicate mission de négocier un accord global sur la base d’un mandat adopté à peine deux mois plus tôt. Johann Schneider-Ammann a privilégié le contact avec les programmes de recherche et de formation. Simonetta Sommaruga a donné la priorité aux questions migratoires et elle dispose depuis 2015 de son propre secrétaire d’Etat.
Ces différences de vues n’ont jamais été surmontées. On s’est aperçu qu’elles étaient encore vivaces mercredi, lorsque Johann Schneider-Ammann et Simonetta Sommaruga ont fait part des réserves que la stratégie de leur collègue Ignazio Cassis leur inspirait. Sans doute ont-ils craint que le secrétaire d’Etat Roberto Balzaretti n’occupe trop de place. C’est le rôle de la presse de soulever et d’analyser ces divergences. Les médias d’Etat, il faut les laisser à d’autres pays.
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