Pour faire sa promotion auprès de la jeunesse, l’armée suisse aurait l’intention de se lancer sur TikTok, le réseau social de prédilection de celle-ci, selon une enquête de la RTS publiée mardi.

La RTS a en effet relevé dans une offre d’emploi de la Confédération la phrase suivante: «TikTok est notre prochain objectif.» L’armée explique vouloir par ce biais s’adresser à une population qu'elle «n’arrive pas à atteindre sur les autres réseaux sociaux comme Facebook et Instagram», ce qui permettrait de «donner une image réaliste de ce que signifie le service militaire».

Lire aussi: TikTok pire que Facebook? Vol de données, espionnage, désinformation: nous passons ces reproches au crible

Un contexte d’inquiétudes sécuritaires face à TikTok

Si l’idée du Département de la défense de rajeunir sa communication peut sembler louable, le canal qu’elle semble envisager a de quoi soulever certaines inquiétudes. De nombreuses administrations occidentales, Union européenne et Etats-Unis en tête, affichent en effet des velléités d’interdiction du réseau social, qui appartient au groupe chinois ByteDance. L’administration Biden, la Commission européenne et le Canada ont ainsi dernièrement banni l’application de tous les téléphones professionnels fournis à leurs employés, invoquant des inquiétudes au sujet de la sécurité des données des utilisateurs.

En Suisse aussi, des parlementaires ont récemment appelé de leurs vœux une interdiction de TikTok au sein de l’administration, rappelle la RTS, qui précise que «la Chancellerie étudie en ce moment la question» en consultant notamment ses partenaires européens.

A lire: Accusée d’espionnage, TikTok doit-elle aussi être bannie en Suisse?

Si aucun compte militaire officiel n’existe actuellement, la RTS note toutefois la présence sur le réseau de plusieurs comptes «gérés par différentes troupes, de manière 'semi-officielle', via des téléphones privés». De quoi soulever des inquiétudes au sujet des informations potentiellement «très sensibles» qui pourraient être accessibles sur l’application.

Un milliard d’utilisateurs dans le monde

Du côté du réseau social, on veut rassurer. Interrogé par l’AFP au début du mois, Theo Bertram, vice-président de TikTok chargé des politiques publiques en Europe, convenait que «les gouvernements occidentaux ont de réelles inquiétudes au sujet de la Chine et, par conséquent, en tant qu’entreprise fondée par des Chinois, nous sommes davantage tenus de montrer comment nous sécurisons les données de nos utilisateurs». Il précisait également que le groupe travaillait à l’installation de centres de données en Europe. Le Vieux continent est le premier marché de TikTok avec 150 millions d’utilisateurs. Au niveau mondial, l’application en revendique plus d’un milliard.

Quant à l’armée suisse, elle indique auprès de la RTS que la décision définitive au sujet de sa présence sur le réseau n’a pas encore été prise.

Lire encore: TikTok subira-t-il un destin à la Huawei?