Des excuses de sa part? «Elles seraient injustifiées et ne sauraient avoir le moindre effet dès lors que celles du président de la Confédération n’ont pas permis de dénouer la crise.» Des sanctions contre les policiers responsables de l’arrestation du couple Kadhafi? «Je refuse de sanctionner les collaborateurs qui ont rempli leur devoir.»

Le socialiste Laurent Moutinot, chef du Département genevois des institutions, est sorti mercredi de son silence, du moins sous la forme d’un communiqué de presse. Le gouvernement genevois avait certes décidé de ne s’exprimer que d’une seule voix sur cette affaire, mais «la violence des attaques personnelles de certains» pousse le magistrat à se défendre. Entre autres critiques, Laurent Moutinot a été sommé par l’entrepreneur Miguel Stucky, patron de l’otage Rachid Hamdani, de «reconnaître les erreurs de Genève». Tandis que l’épouse de l’otage s’est plainte de son manque d’empathie (LT du 29.10.2009).

La déclaration de Laurent Moutinot tombe le jour où le Conseil fédéral annonce la suspension de l’accord avec la Libye. Une coïncidence qui n’est peut-être pas fortuite. «La ligne de fermeté que j’ai toujours prônée n’a pour seul objectif que le souci que m’inspire le sort de nos compatriotes, persuadé de l’efficacité de cette position ferme que défend aujourd’hui le Conseil fédéral», écrit le ministre genevois.

Sur le fond, la mise au point de Laurent Moutinot reste en tout point sur la ligne adoptée depuis le début par les autorités cantonales et réitérée par le Conseil d’Etat la semaine dernière.

Il rappelle que l’intervention de police à l’origine de la crise a été jugée légale par le professeur Lucius Caflisch. Dès lors pas question de punir les trois policiers qui ont joué un rôle déterminant dans l’opération contre le couple Kadhafi. «L’idée de devoir punir des innocents, même au nom de la raison d’Etat, m’est insupportable.» Le Tribunal arbitral prévu dans l’accord Suisse-Libye suspendu mercredi doit en principe examiner les circonstances de cette arrestation.

La fuite des photos de police d’Hannibal Kadhafi est «inadmissible», mais les investigations à ce sujet sont menées «avec énergie», assure le conseiller d’Etat, démentant les accusations de lenteur.

Laurent Moutinot, qui ne se représente pas aux élections du 15 novembre, tient à placer l’arrestation du couple Kadhafi dans le cadre de la lutte menée par l’Etat «contre le fléau des violences domestiques». Et annonce qu’il retourne à son silence: «Je m’astreindrai désormais à la plus grande retenue conformément au souhait des autorités fédérales et intercantonales.»