santé publique
Après Bâle, Berne, Genève et Zurich, la capitale vaudoise se dote d’une cellule de «drug checking»

Une permanence hebdomadaire de «drug checking» ouvrira ses portes à Lausanne dès jeudi dans le cadre d’un projet pilote. Les personnes consommatrices de substances psychoactives pourront y faire analyser leur produit et bénéficier d’un entretien de réduction des risques. Ce type de mesures existe déjà dans les principales villes suisses.
L’objectif principal du «drug checking» est de réduire les risques pour les personnes consommatrices de substances psychoactives. Cette approche permet d’atteindre un public qui n’entre habituellement pas en contact avec les services du réseau vaudois s’occupant des addictions, écrivent les partenaires du projet lundi dans un communiqué.
Ainsi, à partir de jeudi, toute personne souhaitant faire analyser une substance psychoactive qu’elle s’apprête à consommer pourra le faire dans la permanence de «drug checking». Installée au centre-ville de Lausanne, à Pôle Sud, elle ouvrira ses portes chaque jeudi de 17h à 20h.
Ce service respectera une stricte confidentialité, sans récolte d’informations sur l’identité de l’usager. L’analyse du produit sera réalisée par des personnes formées en chimie forensique. Elle sera toujours accompagnée d’informations concernant la réduction de risques et de dommages liés à la consommation, ainsi que d’un échange plus général sur les conduites à risque pour la santé.
En 2019: Les consommateurs genevois pourront faire tester leurs drogues
Pour une durée d’un an
Ce projet s’inscrit dans la stratégie cantonale vaudoise pour lutter contre la consommation et le trafic de drogue. Elle reprend le pilier «réduction des risques» de la politique fédérale, basée également sur la prévention, la thérapie et la régulation.
Le dispositif sera déployé pendant un an. L’objectif est de répondre à un enjeu de santé publique de manière innovante, en développant à Lausanne une prestation qui existe déjà depuis de nombreuses années notamment à Bâle, Berne, Genève et Zurich.
La création de cette permanence ainsi que celle d’un dispositif de «drug checking» en milieu festif sont le fruit d’une étroite collaboration entre la Fondation Le Levant-CAP, l’Ecole des sciences criminelles de l’Université de Lausanne (UNIL), Addiction Suisse et la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme (FVA), qui coordonne la partie opérationnelle.
L’Université développe un outil d’analyse
Un nouvel outil technologique développé à l’UNIL dans le domaine de l’analyse de substances permet aujourd’hui d’envisager un protocole de «drug checking» sans avoir besoin de recourir à des analyses en laboratoire, explique Stéphane Caduff, responsable Secteur prévention à la FVA. Des résultats extrêmement fiables sont ainsi obtenus dans un délai très rapide.
L’analyse se fait en premier lieu à l’aide de la technique NIR (Near Infra Red/spectroscopie proche infrarouge) qui permet de déterminer en quelques secondes la composition de certains produits. Ce procédé est non destructif: il est réalisé sans prélever une partie du produit et sans manipulation de la substance par l’intervenant.
En cas de résultats ambigus ou si l’usager le désire, une investigation complémentaire en laboratoire est proposée avec un délai de quelques jours.
Des tests aussi en milieu festif
Proposé entre mai et septembre lors de sept soirées, le dispositif de «drug checking» en milieu festif a, lui, déjà permis d’effectuer 95 analyses et de sensibiliser 154 personnes. Au cours des entretiens, des conseils de réductions des risques ont pu être transmis aussi bien au sujet de la composition des échantillons que des modes de consommation.
D’autre part, les entretiens conduits ont permis d’aborder des enjeux personnels concernant la consommation des usagers. «Ce dispositif ainsi que la permanence permettent un changement de paradigme qui privilégie une approche de réduction des risques, plutôt que morale ou répressive», souligne Stéphane Caduff.