Les pochettes «Suisse mania», un révélateur
Car dans l’ensemble du long texte, il est beaucoup question de maladie mentale. Lukas Bärfuss fonde son argumentaire sur les vignettes à collectionner distribuées ces jours par Migros, sous l’étiquette «Suisse mania». L’auteur de la pièce de théâtre «Les névroses sexuelles de nos parents», récemment adaptée au cinéma, note que «manie» relève du trouble psychotique, parfois grave, pouvant inclure hallucinations et catatonie.
Il déroule ainsi le fil, à commencer par les élections fédérales de dimanche, qui sont marquées par un effroyable non-dit à propos des relations avec l’Union européenne: «Une question trop compliquée», qui provoque un «embarras sans précédent» dans la classe politique, laquelle s’empresse de pas l’aborder.
Tant de contradictions
Le «pays sous pression» accumulerait ainsi les contradictions: l’emprise politique et désormais aussi culturelle de Christoph Blocher, des consommateurs incités à consommer en recourant à des sites Internet étrangers alors que les salaires et la productivité sont pressurés par les patrons, des industries d’exportation gémissant sous la force du franc et des cantons basculant dans le gouffre déficitaire, ou encore, une réforme énergétique lancée dans le pays qui a la plus vieille centrale nucléaire en service… Errements psychologiques d’une Suisse «qui a à voir avec la folie». D’un peuple de «nains», «un pays pas mort, mais en catatonie».