L’enquête piétine après la tuerie de Chevaline

Le 5 septembre dernier, Saad al-Hilli, sa femme, Iqbal, tous deux Britanniques, et sa belle-mère, Suhaila al-Allaf, de nationalité suédoise, étaient tués par balles à Chevaline, près d’Annecy. Un cycliste français, témoin gênant, était abattu lui aussi. Les deux fillettes du couple ont survécu à la fusillade, mais la plus âgée a été grièvement blessée. Elles sont retournées vivre en Grande-Bretagne.

Un mois plus tard, l’enquête se poursuit et, selon Eric Maillaud, le procureur d’Annecy, «elle est délicate et sera longue». «Un gigantesque et minutieux travail de fourmi a commencé, on fouille le passé de chaque victime», commente-t-il. A ce jour, le bilan semble se résumer ainsi: «Aucun suspect, aucune solide hypothèse, aucune piste écartés.» Espionnage, règlement de comptes familial, affaire crapuleuse… Rien n’émerge.

Une centaine de policiers intégrés dans une équipe commune franco-britannique conduisent leurs recherches en Grande-Bretagne, en Irak, d’où est originaire Saad al-Hilli, auprès du frère de celui-ci, avec qui il entretenait des relations conflictuelles portant sur un problème d’héritage, et même encore en Haute-Savoie, où le passé du cycliste français – présumé victime collatérale – est étudié. Les gendarmes haut-savoyards continuent à interroger de potentiels témoins dans les villages des environs, et le procureur indique que des appels ont été faits aux agences spatiales qui possèdent des satellites pour savoir s’ils auraient enregistré quelque chose l’après-midi du 5 septembre.

Eric Maillaud révèle que les enquêteurs tentent également de faire des recoupements avec une affaire encore non résolue de trois meurtres en série et d’une tentative dans le Chablais, dont le dernier remonte au 14 mai 2012 quand un paisible retraité avait été tué par balle alors qu’il jardinait près de sa maison (LT du 23.06.2012).

De l’activité sensible de spécialiste en génie aéronautique et de l’aérospatiale de Saad al-Hilli à l’imputation non écartée des crimes à un serial killer haut-savoyard en passant par la piste de la mafia serbe (c’est nouveau), l’enquête est soumise au grand écart.

Les deux jeunes rescapées, seuls témoins directs du drame, demeurent protégées par les services sociaux britanniques. L’aînée de 7 ans pourrait être prochainement entendue. «Mais ce n’est pas néces­sairement dans le contexte d’une audition qu’elle donnera une information sur le ou les tueurs, cela peut venir avec le temps, auprès de proches qui auront su la rassurer et la mettre en confiance», prévient le procureur. Le procureur genevois Dario Zanni enquête sur la tuerie de la Chevaline suite à une commission rogatoire lancée par les autorités françaises. Des actes ont aussi été requis dans plusieurs autres cantons. (ATS)

Des appels ont été faits aux agences spatiales qui possèdent des satellites pour savoir s’ils auraient enregistré quelque chose