«En Valais, c’est très difficile»
Léonard Bender (sans lien avec l’ancien candidat au Conseil d’Etat) dirige l’atelier d’architecture atLB, un bureau axé sur le développement durable sis à Martigny. Il préside l’antenne valaisanne de la SIA.
Le Temps: Avez-vous de la peine à recruter?
Léonard Bender: Oui, pour les bureaux valaisans, c’est très difficile. Doublement: parce que l’on manque d’architectes et d’ingénieurs en Valais, et parce que, pour les Suisses, venir en Valais est vu comme une punition. Même les stagiaires valaisans, qui étudient sur les bords du Léman et qui pourraient faire leur stage en logeant chez leurs parents, préfèrent postuler ailleurs, par l’effet d’une starisation du métier. En revanche, pour un Barcelonais ou un Bruxellois, qui n’a pas d’a priori, le cadre séduit. Donc, nous nous tournons vers les étrangers. Dans nos métiers, hautement qualifiés, les collaborateurs étrangers ont une bonne capacité d’adaptation, grâce aux études et à la maîtrise des langues. Depuis deux ans, j’ai engagé une architecte hongroise; mon bureau compte cinq personnes, dont deux d’origine étrangère. La plupart des bureaux valaisans que je connais, des petites structures, ont au moins un collaborateur étranger.
– Pour vous, quelle est l’ampleur des postulations de l’étranger?
– Deux à trois par semaine. J’ai récemment reçu une offre d’un doctorant du Polytechnique de Turin, pour une place de dessinateur en bâtiment… On sent une détresse due à la crise. Mais engager des gens surqualifiés n’est pas un bon calcul, ce n’est pas sain pour la stabilité du bureau.
– Quels arguments mettez-vous en avant?
– Pour un jeune diplômé suisse, les salaires sont souvent plus élevés en Valais que dans le reste de la Suisse romande. Et l’on peut devenir indépendant, ouvrir son propre bureau, bien plus rapidement qu’ailleurs. Pour les étrangers, les ingénieurs civils français par exemple, le Valais représente un terrain d’expérimentation passionnant.