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L'épouvantail du déficit vaudois agité pour 2010

Pascal Broulis a présenté mardi sa planification financière. Pas de baisse fiscale en vue, mais de nombreuses menaces.

Quelle sera la situation financière du canton de Vaud en 2010? La question pourrait paraître absurde tant le Conseil d'Etat, son ministre des Finances Pascal Broulis en tête, a répété ses appels à la prudence: la situation économique est imprévisible, les décisions fédérales tout autant, et les excellents comptes 2005 ne garantissent rien du tout pour la suite... Le gouvernement s'est pourtant plié à l'exercice, imposé par la nouvelle constitution, en présentant mardi par l'intermédiaire de son président argentier sa planification financière pour la période 2008-2010.

A cinq mois d'élections cantonales, il est facile de lui faire dire ce qu'on en attend. Les chiffres de la croissance, ceux de l'inflation, les taux d'intérêt ou la situation de l'immobilier, difficiles à anticiper d'une année à l'autre, relèvent quasiment de la cartomancie à trois ans d'intervalle. Seul compte donc finalement le message martelé par le grand argentier mardi: le canton de Vaud ne va pas si bien qu'on pourrait le croire. Pire: malgré des années de rigueur, le budget devrait replonger inexorablement dans les chiffres rouges en 2010. Cette année-là, le canton perdra très exactement 78,7 millions de francs.

Le poids de la Confédération

Les mauvaises nouvelles viendront essentiellement de Berne: les réformes fiscales fédérales coûteront cher au canton de Vaud. 50 millions pour la réforme de l'imposition des entreprises, 11 millions pour celle des familles. S'y ajoute la perte probable de 72 millions dévolus au canton au titre de cas de rigueur. Ces manques à gagner nouveaux interviendront dans une conjoncture économique morose, selon les experts.

De quoi étayer «scientifiquement» le discours inlassablement répété par Pascal Broulis depuis près d'un an: la santé financière vaudoise est fragile, et il n'est pas question de ruiner les efforts consentis depuis 2002 en ouvrant les vannes dans les prochaines années. Le message a un double destinataire: la gauche, bien sûr, qui se fonde sur les excellents comptes 2005 (46 millions de bénéfice) pour revendiquer des moyens supplémentaires, notamment pour la fonction publique.

Mais Pascal Broulis s'adresse également à ses alliés de mars prochain. Le conseiller d'Etat doit en effet concilier sa prudence de ministre et sa candidature aux côtés du libéral Philippe Leuba, qui ne cache pas son souhait de voir les impôts baisser dès 2008. Une situation inconfortable dont les deux nouveaux amis, réconciliés publiquement après le fratricide combat autour des décrets fiscaux de 2005, tentent de s'accommoder.

Pascal Broulis évite de condamner trop ouvertement l'idée d'une baisse des impôts, et Philippe Leuba assure qu'il se contenterait des baisses prévues au niveau fédéral, sur l'imposition des entreprises ou celle des familles. «Nous ne devons pas multiplier les baisses d'impôts au point d'affamer l'Etat, assure aujourd'hui le député libéral. Sur ce point, il n'y a aucune divergence entre Pascal Broulis et moi.»

Le ciment de la liste bourgeoise au Conseil d'Etat, qui compte également l'UDC Jean-Claude Mermoud et la radicale Jacqueline de Quattro, est encore renforcé par une victime expiatoire: le député libéral Nicolas Daïna. Ce dernier ferraille pour obtenir une baisse fiscale dès 2007, sans succès. «Populiste», commente Pascal Broulis. «Précipité», confirme Philippe Leuba.

En parallèle à la planification financière, le Conseil d'Etat a tiré le bilan de ses trois dernières années de gouvernance à l'aune du programme de législature. Résultat plutôt bon selon lui: sur les 60 objectifs, 31 ont été totalement atteints, 27 partiellement, faute de moyens financiers, et deux abandonnés, dont la réforme de Police 2000.