Le drapeau lesbien représente deux dégradés. L’un est violet, l’autre orange. Et tous deux sont séparés par une ligne blanche. Samedi, quelque 200 femmes sont venues manifester à Lausanne pour la deuxième édition, après celle de Berne l’an dernier, de la Marche pour la visibilité lesbienne. Sur la place de la Riponne, elles ont déployé leur étendard. Si ses couleurs surprennent, c’est parce qu’elles restent trop discrètes, souvent écartées au profit du drapeau arc-en-ciel, symbole du mouvement LGBT.

C’est une minorité qui souffre d’une double discrimination. Celle d’être femme dans une société où l’égalité est un thème largement abordé mais pas encore pour autant appliqué. Et celle d’aimer une personne du même sexe. «Trop souvent encore, deux femmes qui se tiennent la main dans la rue sont sifflées ou invitées pour un plan à trois», confie Muriel Waeger.

Selon la directrice romande de l’Organisation suisse des lesbiennes (LOS), ces discriminations verbales sont un des résultats du manque de visibilité des femmes lesbiennes. «Lorsqu’on évoque le mouvement LGBT ou le mariage gay ou encore lorsque l’on fait de la prévention contre le sida ou les maladies sexuellement transmissibles, ce sont majoritairement des hommes qui sont représentés. Les femmes gays sont souvent sous-entendues sans 
être réellement prises en compte.»

Impacts sur la santé

Comme ses alliées, elle dénonce l’exclusion dont les lesbiennes sont victimes: «Nous sommes négligées. Contrairement aux hommes homosexuels, nous ne sommes pas représentées au parlement. Il en va de même dans les médias où très peu de femmes sont «outées».

Cette invisibilité a des impacts directs sur leur santé. Vendredi, lors de la journée de la visibilité lesbienne, France Inter dénonçait le manque de formation du milieu médical par rapport aux minorités sexuelles, notamment les lesbiennes. «De nombreux médecins ne connaissent pas les spécificités liées à la santé des lesbiennes. On sous-estime le nombre de maladies qui peuvent se transmettre aussi entre deux femmes et, par conséquent, on ne fait pas assez de prévention», poursuit Muriel Waeger.

«C’est beau d’aimer une femme»

Au niveau politique, les lesbiennes et leurs alliés ont également réclamé le droit à la procréation médicalement assistée. «Nous voulons aussi faire savoir aux jeunes lesbiennes qu’elles ne sont pas seules. Et que c’est beau d’aimer une femme en étant femme», affirme la directrice. Elle précise que différentes associations, telles que Klamydia’s, LOS ou Lilith, l’association vaudoise des femmes homosexuelles, existent en Suisse pour offrir un soutien aux jeunes femmes.

Samedi, l’un des panneaux brandis lors de la marche affichait un message: «Je n’ai pas choisi d’être lesbienne, j’ai eu de la chance.» Sur la place de la Palud, les manifestantes se sont arrêtées. C’était l’instant du «kiss-in»: les femmes se sont embrassées. S’aimer librement, c’est leur principale revendication.