Christiane Langenberger fait part d'une certaine perplexité devant les réactions suscitées par ses propos. «On n'ose plus parler des rentes, on n'ose plus parler de l'UE, on n'ose plus parler de politique pendant la campagne électorale», dénonce-t-elle. «J'ai tout simplement osé parler de l'Europe et c'est tout, ajoute encore la présidente du Parti radical, un sujet que l'on ne peut éviter lorsqu'on parle d'avenir, comme c'est le cas dans un discours du 1er Août.»
Les propos de Christiane Langenberger avaient un caractère spontané et ne paraissaient pas s'inscrire dans une démarche tactique élaborée par la direction du Parti radical. Le secrétaire général du PRD s'en félicite néanmoins. La présidente a ainsi contribué à thématiser la problématique de l'élargissement de la libre circulation des personnes aux nouveaux Etats membres de l'UE, et c'est tant mieux, relève Guido Schommer. La question de l'élargissement – les négociations avec Bruxelles ont formellement commencé à la mi-juillet – pourrait se poser au cours de la campagne électorale. «Nous n'avons pas peur du sujet», assure le secrétaire général du PRD, qui déplore plutôt que la discussion n'ait pas encore vraiment débuté. Le Parti radical a en effet déjà commencé à se préparer pour la campagne référendaire qui suivra inévitablement la conclusion d'un accord. Les contacts sont déjà opérationnels à ce sujet avec les partis démocrate-chrétien et libéral, ainsi qu'avec economiesuisse.
Rendre l'opinion consciente des enjeux est un travail de longue haleine qui devrait débuter assez tôt. Les radicaux ont par ailleurs tout intérêt à thématiser la question – qui figure dans l'argumentaire élaboré à l'intention des candidats – avant le mois d'octobre, pour des raisons purement électorales. «Nous avons intérêt à travailler sur ce sujet avec le PDC contre la «coalition de l'immobilisme», assure Guido Schommer. L'élargissement de la libre circulation met en effet mal à l'aise aussi bien le PS que l'UDC. Malgré leurs professions de foi pro-europeéennes, les socialistes sont en effet, sous la pression des syndicats, extrêmement timides face à l'élargissement de la libre circulation. Celui-ci met l'UDC en face de ses contradictions. Le parti y est idéologiquement opposé, mais une partie de sa clientèle est sensible à l'ouverture d'un nouveau bassin de main-d'œuvre. La problématique de l'élargissement a enfin une qualité qui ne peut que convenir aux radicaux. Elle permet d'aborder très concrètement et très pragmatiquement la problématique européenne, sans qu'il soit en l'occurrence question d'adhésion. Elle permet à la droite libérale d'afficher sans risques un certain esprit d'ouverture.