Se présentant comme le sauveur de la nation, Roger Köppel (UDC/ZH) a annoncé lors d’une conférence de presse jeudi à Zurich qu’il était candidat au Conseil des Etats à l’occasion des élections fédérales d’octobre. Il juge nécessaire de faire ce pas car les deux sénateurs zurichois Ruedi Noser (PLR) et Daniel Jositsch (PS), qui constituent selon lui un «cartel de sympathisants au rattachement de la Suisse à l’Union européenne», selon les propos tenus au micro de 20 Minuten, ne représenteraient pas l’opinion de la majorité de la population, qui serait aussi critique que lui envers l’UE.

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Roger Köppel se présente comme un «Europapolitiker», qu’il faut plutôt comprendre comme un spécialiste de la politique européenne plutôt que comme un politicien européen. Comme il l’a expliqué à Keystone-ATS, il se considère comme une «locomotive de la politique européenne en Suisse», et ce dossier sera «la mère de toutes les batailles politiques». Les difficiles discussions internes et externes autour d’un accord-cadre institutionnel, l’avenir compliqué de la voie bilatérale et l’initiative de l’UDC pour l’abandon de la libre circulation des personnes sont les enjeux des mois et années à venir.

Douze ans d’absence

Roger Köppel réussira-t-il à supplanter l’un des deux conseillers aux Etats zurichois sortants? La mission s’annonce difficile. S’il a été le mieux élu de tous les parlementaires fédéraux en 2015, il faut rappeler qu’il le doit au système proportionnel, qui a largement profité à l’UDC, notamment à Zurich. Or, la désignation des membres du Conseil des Etats se fait selon le mode majoritaire dans tous les cantons sauf dans le Jura et à Neuchâtel.

Avant lui, Christoph Blocher (en 1987 et en 2011) et Ueli Maurer (en 2007) s’y sont essayés… et s’y sont cassé les dents. Pour devenir sénateur, il faut engranger des voix en dehors de son propre parti et tenir compte des alliances partisanes entre le premier et le deuxième tour de scrutin. Or, ce système réussit rarement à l’UDC, qui se retrouve souvent isolée. On en veut pour preuve le fait que le principal parti de Suisse (29,4% au Conseil national en 2015) n’occupe que cinq fauteuils sur 46 à la Chambre des cantons. Et les personnes qui, comme Roger Köppel, suscitent la controverse parviennent rarement à leurs fins. Le dernier représentant de l’UDC zurichoise au Conseil des Etats était, jusqu’en 2007, Hans Hofmann, précédemment conseiller d’Etat. L’assemblée des délégués du parti cantonal se déterminera sur la candidature de Roger Köppel le 3 avril.