Cela pourrait s'appeler la saga des grillades. Vendredi dernier, comme beaucoup d'autres cantons avant lui, Zurich fait savoir qu'il lance une interdiction de feux générale à partir de samedi matin. Eu égard à la canicule qui sévit depuis plusieurs jours. Or, un détail a réveillé une grogne de taille. A Zurich, on interdit aussi les grillades, même sur les balcons. Et cela à quelques jours du 1er Août, fête nationale si souvent agrémentée de séances barbecue.

Les médias ont réagi sans attendre. On s'en va à la frontière cantonale argovienne, par exemple, glaner les témoignages ulcérés des amateurs de camping. TeleZüri a ainsi suivi un cinquantenaire décidé coûte que coûte à déguster sa «Bratwurst» et qui pour ce faire, adepte de «Cervelas-Tourismus», traverse le pont qui conduit chez le voisin argovien, son grill en bandoulière.

Lundi, Saint-Gall et Appenzell Rhodes-Intérieures, qui avaient opté pour la même rigueur, ont tempéré leur décision, autorisant notamment des grillades en lieu protégé. A Zurich, le chef de la police du feu, Jürg Neeracher, a voulu tenir bon. La mesure devait rester valable au moins jusqu'à jeudi, malgré les reproches salés. Dimanche, la police faisait déjà état de 40 dénonciations de fraude. Alors quoi? A-t-on trahi son voisin surpris un soir de fête sur sa terrasse une côtelette au bout de sa fourchette? Ou la police a-t-elle fait des rondes pour surprendre un contrevenant? «Non, il n'y a pas eu d'amende. Mais des recommandations», précisait Jürg Neeracher.

Mais coup de tonnerre! Mardi, jour de fête nationale, vers 17 heures, la police a lancé le communiqué libérateur bien avant la date initialement prévue: en raison des précipitations du matin, l'interdiction de grillade était levée; seule celle de faire des feux restait en vigueur jusqu'à jeudi. Ouf, les Zurichois auraient droit à leur barbecue!

N'empêche que la mesure a occupé les rédactions et les lettres de lecteurs pendant une semaine. Le Blick en a fait sa une et, peu avare en critiques, s'est persuadé que la Suisse entière riait aux larmes en apprenant les décisions zurichoises. Dimanche, la NZZ am Sonntag s'est interrogée sur le bien-fondé d'une interdiction sur les balcons. Certes, les parasols peuvent prendre feu mais pareil incident surviendra avec ou sans canicule. Surtout on s'est plu à rappeler que, même dans un Etat fédéral, le danger d'incendie ne varie pas forcément en fonction du canton dans lequel on se trouve.