L’Hôpital du Jura concentre ses blocs opératoires à Delémont
santé
L’institution poursuit la différenciation des missions de ses sites. Les soins aigus stationnaires seront dispensés à Delémont, la réadaptation à Porrentruy
Après une période de doute liée à un double changement de directeurs, suivi d’une longue vacance, l’Hôpital du Jura a retrouvé des couleurs avec l’arrivée du Bâlois Kristian Schneider à sa direction, en début d’année 2013. Il a rapidement lancé le programme «Impulsion», visant à prendre les mesures adéquates pour favoriser la pérennité d’une petite institution hospitalière sur deux sites (à Delémont et Porrentruy), aux coûts élevés, pour un petit bassin de population.
Avec un conseil d’administration lui aussi renouvelé, ayant désormais à sa tête l’ancienne directrice de l’hôpital fribourgeois, Pauline de Vos Bolay, l’Hôpital du Jura (H-JU), en mutation depuis quinze ans, met en chantier le dernier acte de la séparation claire des missions entre ses établissements. D’ici à fin 2014, toutes les salles d’opération seront concentrées à Delémont, faisant du site delémontain l’hôpital de soins aigus stationnaires, celui de Porrentruy étant le site de réadaptation.
Qualité et compétitivité
«C’est la solution qui offre la meilleure qualité aux patients et au personnel, explique la direction de l’H-JU, c’est aussi la variante qui permet d’améliorer au mieux sa compétitivité.»
La centralisation du bloc opératoire avait été reportée à plusieurs reprises ces dernières années, notamment en raison de la résistance de l’Ajoie à tout «abandonner» à Delémont, après avoir déjà lâché les soins intensifs et la maternité. Mais cette concentration devenait inéluctable, en raison notamment de la sous-utilisation des actuelles salles d’opération: à peine plus de 50%. «En théorie, neuf salles sont à disposition, mais dans la pratique seules cinq à six sont dotées de personnel chaque jour», argumente l’hôpital jurassien, qui ajoute que les patients seront gagnants, le recrutement du personnel sera rendu moins difficile et la concentration générera des économies bienvenues pour un établissement qui a fait plus de 7 millions de déficit en 2012 (pour un chiffre d’affaires de 170 millions). Actuellement, les coûts des salles opératoires s’élèvent à 1362 francs par cas, pour une moyenne de 1063 francs dans les autres établissements romands. La centralisation réduira ces coûts de 20%, soit 3,3 millions par an.
9,7 millions de francs investis à Delémont
Pour mener à bien le chantier, il faudra investir 9,7 millions à l’Hôpital de Delémont. «Le retour sur investissement se fera après seulement trois ans», précise l’H-JU.
Pour Porrentruy, la «perte» est toute relative. Un important centre de réadaptation (plus de 8 millions investis) a été ouvert en 2012, il affiche déjà complet, même si l’«afflux» de patients bâlois escompté n’est pas aussi important que prévu. Il n’empêche, le déplacement des blocs opératoires libère des espaces qui pourront être affectés à la réadaptation et à un nouveau service de gériatrie hospitalière. «Avec ce projet, conclut la direction de l’H-JU, l’hôpital continue de mettre en place une stratégie cohérente, tournée vers la qualité et l’efficience.»
Présenté mercredi soir aux maires d’Ajoie, le projet n’a pas provoqué de levée de boucliers. Il aura fallu du temps, mais chacun ou presque comprend désormais, dans le Jura, que seule une stratégie de répartition claire et exclusive des missions hospitalières entre les sites donne une chance de survie à un hôpital dans le canton.