VAUD
A huit mois des élections cantonales, les grandes manœuvres commencent au centre droit, qui redoute de perdre sa majorité au gouvernement. Premiers à désigner leur poulain: les libéraux. A moins qu'ils ne brisent la fragile alliance bourgeoise en lançant deux candidats.
Malgré les vacances, les libéraux vaudois sont en pleine effervescence. A huit mois des élections cantonales de mars 2007, ils se cherchent le candidat idéal pour succéder au conseiller d'Etat Charles-Louis Rochat, sur le départ. Leur congrès du 1er septembre prochain inaugurera un automne de primaires électorales, à droite comme à gauche. Car l'enjeu est de taille: la majorité du gouvernement, aux mains de la droite par quatre ministres contre trois, pourrait bien basculer.
Pour éviter ce scénario catastrophe, le centre droit vaudois tente de fabriquer un ticket commun pour éviter de renouveler la déroute des élections communales d'avril dernier. Un UDC, un libéral et deux radicaux devraient se présenter ensemble dès le premier tour pour contenir la probable poussée de l'alliance rose-rouge-verte. Mais rien n'est encore fait: si l'UDC semble avoir admis le sacrifice d'un second siège, qu'elle espérait au vu des résultats fédéraux de 2003, libéraux et radicaux sont encore dans l'incertitude.
Un premier tour dispersé serait fatal
Malgré l'appel de leur comité, les libéraux pourraient très bien choisir de lancer deux candidats au congrès de septembre. Faisant du même coup voler en éclats l'alliance projetée. L'hypothèse est d'autant plus réaliste que le parti a plusieurs candidats sérieux annoncés (lire ci-dessous). Pour les départager, il organise d'ailleurs de véritables primaires: les députés Philippe Leuba, Pierre Rochat et Jacques-André Haury ainsi que le conseiller national Serge Beck vont arpenter le canton pour convaincre les militants de base. Au programme: cinq soirées, de Vevey à Yverdon en passant par Prilly.
Premiers à se déterminer, avant les radicaux fin septembre et l'UDC dont la date du congrès n'est pas fixée, les libéraux auront une influence majeure sur la suite des événements. Car un premier tour en ordre dispersé serait sans doute fatal: «La droite ne sait pas gérer les deuxièmes tours, résume Dominique Kohli, président des libéraux vaudois et de l'alliance de centre droit. Les candidats de gauche sont capables de se fusiller pendant toute une campagne puis de se retrouver ensuite: nous pas.»
Les électeurs n'ont en outre pas encore pris la mesure de l'affaiblissement du centre droit: même sur une liste unie, les candidats sont largement biffés par les électeurs des autres partis. LausannEnsemble, l'union des partis de la droite lausannoise, en garde encore un souvenir cuisant: la perte de deux de ses trois sièges à la Municipalité de la capitale.
Avec deux sortants bien placés pour être réélus, l'UDC Jean-Claude Mermoud et le radical Pascal Broulis, tout se jouera donc autour des deux sièges abandonnés par Charles-Louis Rochat et la radicale Jacqueline Maurer. Cette configuration fait naître chez les libéraux et les radicaux une crainte presque plus aiguë que celle du renversement de majorité lui-même: le fait d'être responsable de ce basculement en perdant un siège au profit de la gauche.
Manque de relève radicale
Les membres des deux partis manœuvrent donc pour reporter la responsabilité d'un éventuel échec sur le partenaire. Dernier coup en date, l'attaque par plusieurs radicaux centristes de la candidature de Philippe Leuba: le député serait trop dogmatique pour convaincre les électeurs. L'épisode a profondément agacé les libéraux, convaincus d'avoir fait leur part de sacrifice en renonçant à briguer deux sièges.
Il dit aussi toute l'inquiétude qui agite le Parti radical à l'approche du scrutin. Malmené aux élections fédérales, étrillé lors des communales, le parti manque de relève crédible pour assurer son deuxième siège. Et les tensions internes affaiblissent encore les rares velléités de changements. La candidature de Jacqueline De Quattro, soutenue par les femmes radicales, a par exemple froissé les caciques du parti. Qui lui préféreraient un candidat issu du parlement, comme le municipal lausannois Olivier Français ou le président de la commission des finances, Armand Rod.