Sous ses airs enfantins, son message est clair et son verdict implacable: «Votre inaction détruit notre futur.» Greta Thunberg, la collégienne suédoise à l’origine d’un élan international de manifestations pour le climat, n’est pas la première à alerter le monde sur la gravité du changement climatique. Mais sa détermination fait vibrer une corde sensible auprès de sa génération.

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A 15 ans, elle sèche l’école les vendredis pour manifester devant le parlement suédois. Son message aux puissants: fini les petites mesures, place aux grandes actions. Ils sont des milliers, dans plusieurs pays, à la rejoindre dans ce mouvement de désobéissance civile. En Suisse aussi, où des groupes d’étudiants se préparent à faire l’école buissonnière le 18 janvier dans une dizaine de villes.

Chez nous, ce mouvement trouve un écho d’autant plus fort après la débâcle au Conseil national de la révision de la loi sur le CO2, qui doit concrétiser les engagements pris par la Suisse dans le cadre des Accords de Paris. Le parlement s’apprête à remettre l’ouvrage sur le métier. Or lorsqu’on entend les revendications des étudiants, bien plus drastiques que les buts visés par la réforme manquée, on mesure le fossé qui sépare les décideurs des jeunes militants.

Ceux qui gouvernent sont nés dans les Trente Glorieuses, tandis qu’à 15 ans, on a grandi avec le discours prônant l’action individuelle pour protéger l’environnement. Fermer le robinet, éteindre la lumière, trier ses déchets. Mais que valent ces petits gestes face au désastre annoncé par les scientifiques?

Les slogans des militants peuvent paraître simplistes et naïfs face aux contraintes de la realpolitik. Mais leur action a plusieurs mérites. Celui d’amener de l’authenticité dans une thématique monopolisée par la langue de bois. Elle donne aussi une voix à une partie de la population, la plus jeune, qui ne se sent pas représentée et rappelle à la classe politique ses responsabilités. 

Greta Thunberg n’est pas une rêveuse. C’est au contraire une jeune femme dramatiquement réaliste. Si sa grève scolaire essaime, c’est aussi parce qu’elle arrive à un moment où s’accumulent les prises de conscience, avec l’accession au pouvoir de Donald Trump, un climatosceptique, les feux de forêt, le rapport du GIEC.

Il est réjouissant de constater que la jeune génération semble plus portée qu’autrefois, dans ses engagements politiques, sur des sujets et préoccupations spécifiques, comme l’environnement, alors que ses aînés sont focalisés sur des programmes et des visions partisanes. Le mouvement de grève pour le climat en est une illustration. Les appareils politiques traditionnels ne peuvent plus l’ignorer.