Mais qu'avait-il ce beau mâle de 34 kilos à sortir par cette belle matinée du mois d'août, à la veille d'un week-end prometteur? Le loup du val d'Hérens a été abattu vendredi à l'aube, au-dessus d'Evolène, par un garde-chasse qui l'a tué «d'une seule balle en plein cœur», selon les informations données par l'Etat du Valais. Depuis mercredi, alors que l'animal avait été repéré dans la région, une douzaine de chasseurs et gardes avaient intensifié la traque. Après qu'il ait attaqué quelque 300 moutons depuis plus d'une année, ils ont fini par l'avoir. Avec le blanc-seing de l'autorité fédérale.

En fait c'est sa gourmandise qui l'a perdu. Selon Yvon Crettenand, biologiste et spécialiste du loup à l'Etat du Valais: «Pour une population d'une cinquantaine de chamois dans la région, nous aurions dû avoir actuellement 25 cabris. Or nous en avons recensé seulement sept, ce qui est un signe de prédation évident.» Ainsi, le loup ne devait pas être loin.

D'une balle en plein cœur, ont-ils dit, précision oblige et preuve que les gardes-chasses valaisans sont de bons tireurs. C'est la réaction qui a prévalu hier de la part des autorités cantonales. Le chef du Service de la chasse a relevé devant les caméras de la Télévision suisse romande «la propreté du tir», tandis que le chef du Département de la sécurité et des institutions, Jean-René Fournier, soulignait: «En tout cas, cette bête a été abattue dans les règles de l'art.» Tout est bien qui finit mal pour le loup. Mais beau tir quand même.

La mort de ce prédateur, qui finira probablement comme les autres au Musée d'histoire naturelle à côté de ses illustres prédécesseurs, a suscité vendredi soir d'autres réactions, comme une traînée de poudre. La plus étrange est sans doute celle du responsable du projet «Loup Suisse», Jean-Marc Weber. Il a déclaré à l'Agence télégraphique suisse que «le fait de devoir tirer le loup est la seule solution pour améliorer ses conditions d'accueil (sic), pour nous laisser le temps de préparer les gens à son arrivée». Pourquoi pas. Le loup est mort, vive le loup! Pourtant, histoire de confirmer cette stratégie d'adaptation, un second spécimen, dans la vallée de Tourtemagne, est depuis une semaine au bout des fusils pour avoir tué plus de 50 moutons. Sans compter le canidé mal défini de la région d'Aletsch sur lequel il y a aussi un «contrat» officiel.

La fin d'un long feuilleton

La mort du loup du val d'Hérens met fin cependant à un long feuilleton entre les moutonniers, les chasseurs de crottes, l'Office fédéral de l'environnement et les autorités cantonales. Dommage peut-être pour les chasseurs, dont la période sportive commence en septembre, et qui espéraient secrètement ajouter le loup à leur tableau de chasse. Tant pis. Finalement, et ce n'est pas un des moindres paradoxes, parlerait-on aussi souvent du Valais d'aujourd'hui sans le loup? Encore une fois, le loup est mort, vive le loup!