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L'UDC en campagne exploite le scandale de l'A9

Selon Jean-Luc Addor, les dix inculpés dans l'affaire du Riedberg ne seraient que des lampistes.

«Les lampistes seront-ils les seuls coupables dans l'affaire des paiements anticipés sur les chantiers de l'autoroute A9?» C'est, en substance, la question que se pose le groupe UDC au parlement valaisan, réagissant au rebond, dans un communiqué, à l'inculpation de dix personnes, sept collaborateurs du Service des routes nationales, et trois collaborateurs d'un consortium d'ingénieurs, dans le cadre de l'instruction pénale relative au dernier gros scandale qui a secoué le Valais, voilà un an et demi. Les motifs d'inculpation sont «gestion déloyale et faux dans les titres», ainsi qu'«escroquerie» pour un des fonctionnaires.

Arme à double tranchant

Pour rappel, l'Inspection cantonale des finances (ICF) avait constaté des irrégularités dans la pratique des paiements sur le chantier du tunnel du Riedberg. Il avait notamment été établi qu'en octobre 2004 19 millions de francs avaient été payés pour des travaux effectués à hauteur de 6 millions de francs seulement. Les fonctionnaires impliqués avaient en fait signé des constatations de travaux n'ayant encore pas été effectués, ceci pour ne pas se priver de la manne fédérale.

Coutumier d'une certaine récupération politique des dossiers sensibles, plus encore en période électorale, le parti agrarien valaisan, par son chef de groupe au Grand Conseil Jean-Luc Addor, candidat aux Etats pour octobre, saisit donc l'annonce de ces inculpations et réitère ses doléances au parti majoritaire, brandissant une arme à double canon. L'un, destiné aux parlementaires PDC «après le refus troublant d'une commission d'enquête» en septembre dernier, souhaitée par l'UDC.

L'autre tenant en ligne de mire le chef du Service des routes nationales Albert Fournier et le conseiller d'Etat PDC en charge des Transports, Jean-Jacques Rey-Bellet. «Sur le plan pénal, je fais confiance à la justice. En revanche, je me pose légitimement la question de leur responsabilité politique. Comment peut-on passer à côté de ces manœuvres quand on est chef de service ou chef de département? Les personnes inculpées, si elles sont condamnées, n'accepteront peut-être pas d'être les seules à payer», déclare Jean-Luc Addor. A quoi Jean-Jacques Rey-Bellet répond: «Ni le chef de service ni le chef de département ne contrôlent les factures, je vous le répète. De l'administration des finances à l'inspection des finances, tout cela est passé inaperçu. Je vous rappelle que c'est moi qui ai dénoncé la chose.»

Pas d'autres irrégularités

S'il est vrai que ces paiements anticipés font encore rougir le Valais, l'ICF a examiné dix autres chantiers sans y avoir constaté aucune irrégularité, informe le juge d'instruction. Quant aux deux hauts responsables dans la lunette de Jean-Luc Addor, Albert Fournier et Jean-Jacques Rey-Bellet, qui plaidaient l'an dernier déjà leur non-responsabilité, ils ont effectivement en leur faveur qu'ils ont été les premiers à lever le lièvre. Le canon de l'UDC, bien que double, pourrait ne point les toucher. Des coups dans le vide en pleine campagne?