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Pour l’UDC du Jura bernois, la fusion est impensable

Une campagne brosse un portrait très critique du canton du Jura

En juin, chiffres à l’appui, le gouvernement jurassien constatait que le canton né en 1979 s’était davantage développé que la partie restée bernoise. Parmi les arguments, une croissance démographique de 8,5% dans le Jura-canton contre 0,4% dans le Jura bernois, davantage d’entreprises créées, de meilleurs résultats PISA ou encore un «poids» fédéral supérieur avec quatre parlementaires, contre aucun pour le Jura bernois.

C’est un tout autre portrait du Jura, au vitriol, que brosse l’UDC du Jura bernois, indéfectible loyaliste du canton de Berne. A trois mois de la votation – le 24 novembre – au cours de laquelle les deux Juras décideront, chacun de leur côté, s’ils souhaitent mettre en place une constituante chargée de dessiner les contours d’un nouveau canton, les critiques déferlent.

L’ancien séparatiste Pierre-Alain Droz, devenu chef de campagne UDC: «Je suis particulièrement bien placé pour crier la vérité. Je fais partie de cette foule des grands cocus de la question jurassienne […] avec des promesses trahies, des bringues et des querelles partisanes, stériles et incessantes.» Et de dénoncer les «scandales à répétition» qui jalonnent l’actualité du Jura: les amendes que le commandant de la police à fait sauter, le «pornogate», les «magouilles» de l’élection à la mairie de Porrentruy, l’achat de voitures BMW avec rabais de flotte parce que destinées à la police puis revendues, etc. «Ce cumul de critiques, objectives, entraîne un net phénomène de rejet de l’idée même d’une adhésion au canton du Jura.»

L’UDC du Jura bernois produit une affiche destinée à exacerber le sentiment anti-jurassien, montrant une mauvaise caricature du ministre Charles Juillard regardant des images pornographiques (en référence au «pornogate») et un «stand BMW», pour rappeler l’affaire des voitures de la police.

Scandale fiscal

Secrétaire de l’UDC du Jura bernois et candidat au gouvernement bernois, Manfred Bühler s’en prend, de son côté, «aux belles promesses» de la création du canton du Jura. «Après bientôt 40 ans, nous pouvons considérer les résultats», dit-il, estimant que le bilan comparatif du gouvernement jurassien est «à la limite du grotesque».

Davantage que d’évoquer la place du Jura bernois dans le canton de Berne, «où nous sommes très bien», dit le président des Jeunes UDC Maxime Ochsenbein, l’UDC a décidé de tirer à boulets rouges sur le canton du Jura. Avec un but: «mobiliser», dit Pierre-Alain Droz. Serait-il l’«arroseur arrosé»? Il est accusé par le mensuel satirique La Tuile de devoir d’importantes sommes au fisc bernois, près de 400 000 francs. Interrogé sur sa situation fiscale, il renvoie aux trois plaintes déposées et à ses avocats, puis se ravise: «Je suis en mesure de démontrer que ces vingt derniers mois, j’ai versé 43 000 francs à l’administration fiscale bernoise.»

La campagne en vue du 24 novembre ne se nourrit pas que de grands débats institutionnels. Elle est agrémentée d’«affaires» collatérales, la situation fiscale de Pierre-Alain Droz en étant une, l’annonce de la démission collective de l’exécutif du village de Perrefitte en étant une autre. Ce même Perrefitte dont la maire est Virginie Heyer, coprésidente du Comité pour le maintien du Jura bernois dans le canton de Berne.