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L’UDC neuchâteloise perd sa tête

A dix mois des élections fédérales, le président Hugues Chantraine et ses deux vice-présidents quittent leurs fonctions

Hugues Chantraine. — © Keystone
Hugues Chantraine. — © Keystone

Les tuiles se multiplient pour l’UDC neuchâteloise. Quatorze mois après avoir succédé à Yvan Perrin, le président du parti Hugues Chantraine quittera ses fonctions le 31 décembre, a-t-il annoncé à la radio RTN. «Cela me prend beaucoup de temps, en plus de mon métier de dentiste, de ma famille et de mes mandats au Grand Conseil et au Conseil général (parlement) de La Chaux-de-Fonds, confirme-t-il. Il a fallu choisir.» Avait-il mal évalué la charge de ce mandat? «Pas au niveau de l’énergie que cela requiert, mais au niveau de mon emploi du temps.»

Le Chaux-de-Fonnier n’est pas le seul à quitter la direction du parti. Ses deux vice-présidents, Didier Calame et Gérard Favre, ont également décidé de remettre leur mandat. La succession de l’équipe présidentielle sera décidée lors d’une assemblée générale fixée le 29 janvier prochain. «L’idée est de donner du sang neuf au parti, avec des gens frais, réactifs», souligne Hugues Chantraine. Il évoque la candidature possible de trois candidats «très intéressants qui n’ont pas de mandat politique sous l’étiquette UDC».

Cette triple démission tombe mal pour un parti fragilisé. Elle vient s’ajouter à la démission d’Yvan Perrin du Conseil d’Etat, à la perte de son siège et aux turbulences créées par l’affaire Legrix à La Chaux-de-Fonds. L’UDC doit en outre fonctionner sans secrétaire politique: l’essai tenté avec Jean-Charles Kollros a tourné court. Le sulfureux Valaisan a été débarqué l’été dernier au terme de sa période d’essai, pour avoir communiqué «à tort et à travers» pendant la maladie d’Yvan Perrin.

Le parti n’est pas parvenu à trouver de remplaçant à Jean-Charles Kollros, qui avait été choisi un peu par défaut pour remplacer Walter Willener: seuls quatre candidats s’étaient annoncés. Cette vacance pose un problème de taille à moins d’une année des élections fédérales. Le parti défendra le siège de Raymond Clottu au Conseil national avec un vrai risque de le perdre – la députation neuchâteloise perdra un siège (le nombre passera de 5 à 4) en raison d’une démographie anémique.

Hugues Chantraine relativise l’absence d’un secrétaire politique. «Nous avons trouvé une solution avec la section vaudoise, qui nous prête son secrétaire général Kevin Grangier quand nous en avons besoin. Il est souvent dans le canton, qu’il connaît bien. Cela pallie très largement le retrait de M. Kollros.»

Le président démissionnaire de l’UDC neuchâteloise reconnaît que les péripéties de l’année 2014 ont causé un tort considérable au parti. «Les Neuchâtelois se sont sentis trahis. Pas par Yvan Perrin, qui a gardé une très forte cote de popularité. Non, c’est l’image du parti qui a souffert. On en a pris plein la gueule.»

Hugues Chantraine est malgré tout optimiste pour les élections fédérales. «Raymond Clottu fait du très bon travail à Berne, il est reconnu comme un bon élément par ses pairs.» Il ne croit pas à une alliance électorale avec le PLR. «Pour cela, il faudrait qu’ils en aient envie. Si c’est le cas, je ne la ressens pas. Pour paraphraser Yvan Perrin, je dirais que Neuchâtel continue à avoir la droite la plus bête du monde.»

Yvan Perrin, justement, a fait un retour remarqué lors d’une assemblée du parti au Val-de-Travers. Le signe d’un retour prochain en politique? «Non, c’est prématuré, juge Hugues Chantraine. Yvan se soigne, c’est bien, tant il est difficile de lui imposer quelque chose. Cela va prendre beaucoup de temps. Je pense que lui-même n’imagine pas un retour sur la scène politique.»

«Les Neuchâtelois se sont sentis trahis. Pas par Yvan Perrin, qui a gardé une très forte cote de popularité»