L'UDC prépare une nouvelle initiative contre la SSR, média «gauchiste»
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Révélé par le «SonntagsBlick», un nouveau projet d'initiative viserait d’une part une réduction de la redevance à 200 francs, d’autre part la modification de la composition des rédactions du service public, pour qu’elles accueillent davantage de sensibilités bourgeoises

L’UDC ne décolère pas contre la SSR. Nouveau motif de courroux, aucun de ses représentants n’a été convié la semaine dernière à l’émission «Club», un programme de débat de la SRF, consacrée à l’accord-cadre entre la Suisse et l’Union européenne. Le parti a tout de suite annoncé des «mesures politiques» contre cette «chaîne activiste» et une plainte auprès de l’Autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radio-télévision.
Allant plus loin, le conseiller national UDC zurichois Thomas Matter a annoncé dans le SonntagsBlick que son parti prévoyait aussi de lancer une initiative populaire pour garantir un traitement «plus équilibré» de l’actualité politique sur le service public. «Avec cette émission, nous avons atteint le point où nous devons agir.» Il s’insurge d’autant plus contre la non-invitation de l’UDC que la question européenne est une des thématiques phares du premier parti de Suisse. «Si une émission politique au sujet de la loi sur le CO2 était organisée sans les Verts, ils seraient fous furieux. A juste titre!» affirme Thomas Matter dans le journal dominical.
Das Schweizer Fernsehen SRF ist ausser Rand und Band.
— SVP Schweiz (@SVPch) June 2, 2021
👉 Medienmitteilung der SVP:https://t.co/vJIjWdyrdM pic.twitter.com/3mRY9CxIf6
Trois ans après le large rejet par le peuple de l’initiative «No Billag», qui voulait l’abolition de la redevance, l’UDC prévoit donc lancer une nouvelle initiative. Selon Thomas Matter, la «gauchisation» du service public «n’a fait qu’empirer» depuis cette votation.
Le parti envisage ainsi deux scénarios. Le premier serait de s’attaquer à nouveau à la redevance, réduite depuis 2021 de 365 à 335 francs par année, en proposant de la faire passer à 200 francs. Le second, moins précis pour l’heure, prévoit que la direction, le conseil d’administration et «les rédactions de toutes les émissions politiques doivent refléter le paysage politique de la Suisse», explique le conseiller national zurichois, qui plaide pour davantage de journalistes appartenant au camp bourgeois, à l'image de la majorité de la population. Pour appuyer son propos, il cite une étude de 2017, selon laquelle 70% des journalistes de la SSR se disaient à gauche, une situation «insoutenable» pour un média financé par «un impôt».
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«Propagande de gauche»
Dans 24 Heures, sa collègue de parti genevoise Céline Amaudruz soutient le projet: «Les modalités pratiques restent à définir mais l’idée vaut qu’on y réfléchisse». Car pour elle, «la RTS a repris ses habitudes de la pensée unique de gauche.» Une analyse partagée par le conseiller national PLR Christian Lüscher, qui s’était lui insurgé contre l’organisation d’un débat radiophonique par la RTS au sujet de la loi sur le CO2 sans représentant de son parti. Selon lui, «la RTS n’a pas compris le message. Le rejet de «No Billag» a été interprété comme un blanc-seing pour faire de la propagande de gauche de manière complètement libérée.» S’il partage le constat de l’UDC, Christian Lüscher semble toutefois diverger sur les solutions proposées. Il indique croire «en la nécessité d’un service public fort», mais envisage un moyen «de renforcer les sanctions si un journaliste du service public enfreint les règles».
La SRF a rapidement réagi aux attaques de la droite, en affirmant qu’elle ne permettrait à aucun parti de lui dicter qui est invité sur son antenne. «Il y a toujours eu ces tentatives de pression, et elles ont augmenté récemment», a déclaré dans le Blick Gregor Meier, rédacteur en chef adjoint, assurant que la télévision «ne fait pas de reportages tendancieux».
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«Tout est question de point de vue», remarque 24 Heures. Le quotidien vaudois rappelle par exemple qu’en mai, la conseillère nationale socialiste Jacqueline Badran (ZH) disait vouloir lancer une plateforme d’information de gauche, car «les médias suisses deviennent des monopoles et sont dans l’ensemble sur la ligne du PLR».