Concrètement, il souhaite non seulement que Christoph Blocher intervienne dans le secteur de l'asile, mais aussi qu'il amincisse l'administration, du secrétariat général du département à l'Office fédéral de la justice, en passant par l'Office de l'immigration, de l'intégration et de l'émigration (IMES), la Commission de recours en matière d'asile et l'Institut suisse de droit comparé. Hermann Weyeneth considère que la Confédération n'a pas à financer les activités de ce dernier, dont le budget annuel est de 7 millions (lire ci-dessous). A titre personnel, il en souhaite la privatisation. Il ne conteste pas la nécessité d'étoffer les effectifs de la police fédérale, mais il estime que les postes nouvellement créés doivent être compensés ailleurs. En ce qui concerne le Département de la défense, dirigé par Samuel Schmid, le député bernois attend de la concrétisation d'Armée XXI qu'elle entraîne «une réduction massive des effectifs». «C'est la seule manière de libérer les moyens financiers nécessaires à l'acquisition du matériel d'armement dont l'armée aura besoin pour remplir son mandat», ajoute-t-il.
Le second objectif, soit la croissance économique, sera un test pour ce que l'UDC appelle les «partis du centre», à savoir le PDC et le Parti radical. «Les quatre années à venir seront une période d'épreuve pour ces deux partis», annonce le président de l'UDC, Ueli Maurer. Par les hasards du calendrier politique, l'année 2004 sera d'ailleurs un test grandeur nature pour toutes les formations politiques. On votera cette année sur des objets aussi importants que les infrastructures routières (contre-projet à l'initiative Avanti le 8 février), le logement (modification du droit du bail le 8 février, imposition de la propriété en mai), le traitement fiscal des familles (en mai) et les assurances sociales (référendum contre la onzième révision de l'AVS et hausse de la TVA pour l'AVS et l'AI probablement aussi en mai, référendum contre l'assurance maternité à une date encore indéterminée).
L'UDC ne se prive pas d'établir un lien direct entre ces différents objets et le redémarrage économique. Pour le chef du groupe parlementaire, Caspar Baader, ces enjeux doivent permettre de «provoquer un tournant bourgeois de la politique fédérale». Pour cela, il invite le PDC et le PRD à adopter la même ligne que l'UDC. Celle-ci est la suivante: oui clair et net au paquet fiscal, oui au contre-projet à Avanti, non à l'assurance maternité (le référendum a abouti et les signatures seront prochainement déposées à la Chancellerie fédérale), non à l'augmentation de la TVA pour l'AVS et l'AI. L'UDC propose de financer l'AVS avec les réserves d'or excédentaires de la BNS. «Elle serait ainsi garantie jusqu'en 2015», certifie Caspar Baader, qui ne pipe mot du financement à plus long terme du premier pilier. Ces importants scrutins seront aussi un test pour l'UDC, car ils permettront de mesurer si la population soutient les propositions du parti qu'elle plébiscite aux élections. Paradoxalement, cela ne s'est guère vérifié jusqu'à maintenant.
S'agissant de l'assurance invalidité, l'UDC a parfaitement intégré le discours de Christoph Blocher: selon elle, c'est en «stoppant l'immigration étrangère dans cette assurance et en combattant avec détermination l'invalidité simulée» qu'on freinera l'explosion des coûts de l'AI, martèle Caspar Baader. L'UDC, qui veut se profiler comme «le parti de l'économie» au détriment du PRD, confirme par ailleurs sa volonté de combattre toute nouvelle taxe, comme celle envisagée sur le CO2, ou toute augmentation de redevances existantes. Elle plaide enfin en faveur d'une nouvelle loi sur le marché de l'électricité «garantissant aux entreprises un approvisionnement sûr à des prix compétitifs», revendique le conseiller national fribourgeois, Jean-François Rime.