Cette année, le Syndicat des enseignants romands (SER) démarre la rentrée sous le signe des nouvelles technologies. Une thématique qui, selon le président du syndicat, Samuel Rohrbacher, représente des «enjeux fondamentaux pour l’école et la société».

Les enseignants déplorent que les conditions pour intégrer le numérique à l’école et en favoriser l’apprentissage ne soient pas remplies, et que de grandes disparités existent entre les cantons, voire entre les communes.

Quels moyens, et qui paie

«Les différents cantons romands ne sont pas tous au même niveau d’équipement et de support», assure Olivier Solioz, vice-président du SER. «Il se creuse un fossé entre les communes riches qui ont les moyens d’investir dans du matériel informatique et celles aux revenus plus limités», renchérit le secrétaire général du SER, Jean-Marc Haller. Il existe de plus un manque de clarté sur qui paie quoi, puisque c’est au canton de fournir le matériel pédagogique et aux communes de fournir le matériel fixe. Or, avec les ordinateurs, les beamers et autres tableaux interactifs, savoir si ce matériel devrait être considéré comme du matériel pédagogique est une question qui n’a toujours pas été tranchée.

Nécessité d’une réflexion de fond

Une confusion persiste aussi entre les objectifs fixés par les cantons. Le Plan d’études romand fixe des lignes directrices. Mais les cantons se donnent des objectifs différents et intègrent les nouvelles technologies et le numérique de manière inégale: Fribourg se dote d’une heure d’informatique au détriment d’une heure d’art visuel, le Valais intègre le numérique dans la branche mathématiques, etc.

En ce sens, le SER réclame la convocation d’états généraux afin de clarifier ce qu’on entend par la place du numérique, de l’informatique et des technologies à l’école. «Il faut une réflexion de fond», déclare Samuel Rohrbacher. Olivier Solioz répète que le but est d’intégrer la technologie et son apprentissage de manière à créer une plus-value pédagogique: le numérique ne constitue pas une fin en soi et ne peut pas se suppléer complètement aux enseignements conventionnels. «Les exercices traditionnels sont irremplaçables.»

Plus de formation

D’ailleurs, le syndicat estime que les enseignants ne sont pas formés de manière adéquate pour intégrer le numérique dans leur classe, à la fois dans la prise en main du matériel et dans la sensibilisation et la formation qu’ils sont censés dispensés, en plus de la matière qu’ils enseignent. Ils réclament donc de consacrer plus de moyens et de temps à la formation, non seulement au numérique, mais de manière générale: «Nous exigeons une formation de niveau master à tous les niveaux, y compris au primaire.»

Le spectre de la privatisation

Une autre crainte que le syndicat exprime concerne les traités internationaux. En effet, le SER craint que la libéralisation du marché de l’éducation ainsi que les coupes budgétaires ne favorisent la marchandisation de l’école et l’arrivée de firmes privées qui proposeraient de supplanter l’éducation publique, comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne au système scolaire défaillant.