Genève
En conflit ouvert avec le canton, l'Usine campe sur ses positions et exige que son particularisme soit reconnu. Elle invite les Genevois à venir découvrir ses activités samedi, à l'occasion d'une journée portes ouvertes. De nombreux artistes se mobilisent également

Le bras de fer continue à Genève entre l’Usine et le Conseil d’Etat. Avec, dans le rôle de l’arbitre partisan, la majorité de droite au Conseil municipal de la Ville. Qui a décidé la semaine passée – après une manifestation nocturne qui a laissé des traces - de supprimer la subvention globale du centre culturel autogéré pour 2016, tant que celui-ci refuse de se soumettre aux exigences de conformité du canton.
Déterminés à ne plus se laisser traiter de «barbares», de «voleurs» ou «d’irresponsables» comme ce fut le cas lors de la dernière session du Conseil municipal, les membres du collectif de l’Usine ont décidé de «recentrer le débat» mardi devant la presse. Pour marteler un credo redevenu non-négociable: l’Usine fonctionne depuis plus de 20 ans avec une seule autorisation pour ses cinq buvettes, exclu de se plier aux ordres du canton qui exige cinq sésames dès le 1er janvier 2016. Date d’entrée en vigueur de la nouvelle Loi cantonale sur la restauration, le débit de boissons, l’hébergement et le divertissement (LRDBHD).
Le 17 avril 2015, l’Usine avait pourtant accepté, «par dépit», de demander cinq autorisations pour 2016. Mais sous conditions. En échange, elle demandait, entre autres choses, l’octroi d’une seule autorisation pour ses débits de boissons jusqu’à l’entrée en vigueur de la LRDBHD et le rétablissement «dans les meilleurs délais» du financement de son Théâtre par la Loterie Romande.
«Mépris»
Or l’Etat n’aurait pas respecté ses engagements. Au contraire, estiment les «Usiniens», courriers à l’appui, les services de l’État ont fait la sourde oreille en continuant d’exiger une mise en conformité immédiate, conditionnant le déblocage des dons de la Loterie romande. «Au vu de nos échanges avec les autorités et du mépris avec lequel est traitée l’Usine, nous avons fini par dire stop», résume Samantha Charbonnaz.
Le 26 octobre, le directeur de cabinet de Pierre Maudet, Patrick Baud-Lavigne, avait pourtant reformulé une proposition qui aurait pu faire figure de compromis: un engagement du Service du commerce à délivrer les cinq autorisations «en un seul bloc», assorti de la possibilité de faire signer chacune de ces autorisations par cinq personnes pour éviter que la responsabilité ne soit «concentrée sur une seule personne».
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Trop tard, répond en substance l’Usine. «Nous avons estimé que le climat de confiance était rompu», tranche Samantha Charbonnaz. Et d’expliquer, sur le fond, que la logique de cinq autorisations avec autant de responsables est incompatible avec l’organisation collective de l’Usine.
Retour à la case départ donc. Avec, sur le front de la communication, un changement de stratégie: en organisant le 7 novembre une journée portes ouvertes pour que chacun puisse découvrir «qui nous sommes, ce que nous faisons et comment nous le faisons», l’Usine mise désormais sur le soutien de la population. Elle peut déjà compter sur celui des nombreux artistes initiateurs d’un «Appel pour l’Usine», fort de 7134 signatures à ce jour. Le salut de l’Usine passera-t-il par l’opinion?