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Malgré la pandémie, la Suisse continue d’attirer des milliers d’étudiants étrangers

Toujours plus d’étudiants internationaux choisissent une formation en Suisse en dépit des mesures sanitaires et de l’incertitude liée au covid. Si la majorité est originaire des pays voisins, le nombre d’étudiants chinois a augmenté de plus d’un quart en un an

Image d’illustration. Les étudiants de la Faculté de droit de l’Université de Neuchâtel, le 14 septembre 2020. — © Laurent Gillieron/Keystone
Image d’illustration. Les étudiants de la Faculté de droit de l’Université de Neuchâtel, le 14 septembre 2020. — © Laurent Gillieron/Keystone

En septembre dernier, Karin Ogushi a posé ses valises en Suisse. L’étudiante tokyoïte est inscrite en bachelor à la Faculté de lettres de l’Université de Genève (Unige) dans le département de langue et littérature françaises. Comme elle, des milliers de jeunes hommes et femmes, venus du monde entier, se sont tournés vers une université ou haute école suisse. Ils étaient 12 300 de plus à la rentrée 2020, soit une hausse de 4% par rapport à 2019, a annoncé mardi l’Office fédéral de la statistique. Et la tendance pour 2021 est la même, l’Unige annonce déjà une hausse de 2,6% des étudiants étrangers. Malgré la pandémie, la formation suisse ne connaît pas la crise.

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Les étrangers représentent aujourd’hui 31,4% de la population étudiante en Suisse, et chez les doctorants le taux passe même à 56%. Le nombre des nouveaux étudiants internationaux a, lui, augmenté de 13% entre 2017 et 2020. Et la Suisse fait figure d’exception puisque les pays de l’Union européenne, les Etats-Unis ou le Canada enregistraient, eux, une baisse de l’arrivée des étudiants étrangers. Dans l’Hexagone, ils étaient 25% de moins qu’en 2019. La palme revient aux Etats-Unis, qui ont perdu 43% de nouvelles immatriculations étrangères. Principales raisons invoquées? L’incertitude liée au covid et les politiques sanitaires drastiques de certains pays.

«Un risque»

«Je savais que je prenais un risque en quittant le Japon pendant cette période, mais j’avais vraiment envie d’étudier à l’étranger, explique l’étudiante en lettres. J’aurais beaucoup aimé rejoindre ma famille pendant les vacances d’hiver, mais c’était trop compliqué, pour rentrer au Japon nous devons respecter trois jours de quarantaine à l’hôtel à nos frais puis nous isoler pendant quinze jours encore.»

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Les étudiants extra-européens restent les plus touchés par les mesures sanitaires, qui les empêchent bien souvent de revoir leurs proches ou de rentrer chez eux lors des vacances. «Je devais rentrer à Noël mais je devais faire cinq à six tests PCR et cela revenait beaucoup trop cher», explique Marissa Eichenberger, arrivée en Suisse en juillet 2020 pour suivre un master de développement territorial à Genève. Elle non plus n’a pas hésité à venir s’installer en Europe, même si elle explique n’avoir toujours pas pu se rendre au Québec depuis.

Le boom des étudiants chinois continue

En Suisse, si la grande majorité des étudiants étrangers sont originaires de pays voisins, le nombre de nouveaux élèves chinois bat un record. Entre 2019 et 2020, il a augmenté de plus d’un quart (27%) dans les écoles, au niveau du bachelor et du master. A l’Ecole hôtelière de Lausanne, on dénombre 123 nationalités parmi les 3726 étudiants inscrits. Les Chinois arrivent en troisième place, derrière les Suisses et les Français. De son côté, l’EPFZ compte 580 étudiants chinois, et l’EPFL 348. En 2008, ils étaient tout juste une petite centaine.

L’attractivité des écoles supérieures suisses s’explique d’abord par la bonne réputation et le classement international de certaines dont l’EPFZ, le Graduate Institue, l’EHL ou l’EPFL, mais aussi par des taxes d’études généralement moins chères que celles appliquées en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis.

Malgré la situation de crise, les deux étudiantes néo-genevoises ne regrettent pas ce choix de l’étranger pour leurs études, et la Suisse leur permet aussi de souffler. «Au Québec, mes proches n’en peuvent plus, c’est confinement sur confinement», explique Marissa. Quant à Karin, elle s’est dite amusée de voir que les Suisses avaient besoin d’une loi pour porter le masque, «alors qu’à Tokyo, tout le monde en porte constamment!».

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