Maria Bernasconi (PS/GE) quitte le parlement, mais reste secrétaire générale de l'Association du personnel de la Confédération (APC). Celle-ci manifeste mercredi contre les mesures d'austérité. Les tensions risquent de s'aggraver si un UDC pur et dur succède à Eveline Widmer-Schlumpf.

Les associations du personnel de la Confédération manifestent mercredi. Le climat s'est-il détérioré à ce point? Le personnel est de plus en plus inquiet. Le Conseil fédéral a pris la mauvaise habitude de décréter des mesures d'économie sans concertation avec les partenaires sociaux. Elles répondent à des demandes déposées au parlement. Il n'y aura pas d'indexation des salaires, contrairement à de nombreux secteurs privés. Il est prévu de ralentir le mécanisme de progression salariale liée au mérite. Cela n'a pas été discuté avec nous ces derniers temps, contrairement à ce qui avait été prévu. La prime de fidélité, soit une semaine de vacances après cinq ans d'activité, sera supprimée. De même, la participation de l'employeur à la rente transitoire AVS disparaît. C'est problématique pour les bas salaires. Voilà contre quoi nous protestons. Car ce n'est qu'un début.

Le Conseil fédéral a décidé de «stabiliser» son budget pour les années 2017 à 2019. Des coupes sont prévues dans le domaine du personnel. A quoi vous attendez-vous? A des baisses de salaires et des suppressions de postes. La droite veut bloquer les effectifs, mais le parlement ne cesse de demander de nouvelles prestations: renforcer la sécurité aux frontières, accélérer les procédures d'asile comme le prévoit la nouvelle loi, améliorer la sécurité alimentaire. Il faut du monde pour répondre à ces demandes.

On dit souvent qu'on empile les nouvelles tâches sans jamais se demander à quelles prestations on pourrait renoncer. Ne faudrait-il pas commencer par ça? Tout le monde dit ça, mais personne ne veut jamais rien supprimer. Certains veulent économiser dans l'armée, d'autres dans la prévention sociale, sanitaire ou alimentaire. On ne parvient jamais à fixer de priorités. Les motions, interpellations et autres interventions parlementaires occasionnent du travail et coûtent de l'argent. On compte entre 6000 et 10 000 francs par intervention. Et l'UDC, qui veut réduire la bureaucratie et couper dans les dépenses, n'est pas en reste: ses membres déposent de nombreuses interventions qui exigent une réponse. Il faut bien que quelqu'un fasse le travail. On demande toujours davantage à l'administration et on veut diminuer les effectifs. C'est de la schizophrénie.

Les élections bouleversent les rapports de force au parlement, en tout cas au Conseil national. Craignez-vous que la nouvelle majorité plus à droite accroisse la pression sur le personnel? Certainement. Nous craignons qu'une majorité UDC-PLR exige d'économiser davantage dans les charges de personnel. Cela risque de démotiver les employés et d'entraîner des suppressions de postes. Cette majorité pourrait par exemple décréter en décembre qu'elle veut économiser 50 millions ou plus dans le budget de l'année suivante. Il faudrait licencier sans tenir compte des délais de résiliation des contrats. Vous imaginez les problèmes que cela causerait? Cela coûterait cher en indemnités.

Craignez-vous l'arrivée d'un UDC à la tête du Département des finances? Nous avons toujours très bien collaboré avec Eveline Widmer-Schlumpf. Elle soutient les positions du Conseil fédéral, mais elle a toujours bien défendu son personnel. Elle a le sens de l’État. Je crains qu'elle soit remplacée par un idéologue de l'UDC qui ne connaît pas grand-chose à l'établissement d'un budget et ne respecterait pas le partenariat social. Une personne qui n'aurait d'autre idée en tête que celle de baisser les salaires et de réduire le coût de l'administration. Le conseiller aux Etats Thomas Minder a proposé de n'appliquer au personnel fédéral que le Code des obligations et de l'accompagner de conventions collectives de travail, sans loi sur le personnel fédéral. Une telle idée pourrait resurgir avec un UDC à la tête de ce département.

Souhaitez-vous qu'un(e) socialiste reprenne les rênes des Finances? Ce ne serait pas une bonne idée de demander à un socialiste d'appliquer une politique de rigueur budgétaire qui serait décidée par la majorité de droite du parlement. Cela créerait des conflits désagréables.