Le méga-projet d’Aminona (VS) devrait inclure moins de chalets que les promoteurs russes avaient initialement prévus. Le Tribunal fédéral (TF) accepte partiellement les recours du WWF, de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage et de Patrimoine Suisse.

Pour des raisons tenant à la protection contre les dangers d’avalanches, il annule le feu vert donné à la construction de plus d’une douzaine de chalets. La sécurité du lotissement n’est pas assurée et l’autorisation aurait dû être subordonnée à celle de la construction d’une future digue.

Dans la foulée, le TF annule les autorisations données à la construction d’autres chalets pour des raisons tenant à la législation sur la protection des forêts. Il accepte les griefs des organisations recourantes, qui dénonçaient une distance insuffisante entre les habitations projetées et la lisière de la forêt.

«Au vu du dossier, rien ne permet d’affirmer que tout danger de propagation d’incendie est exclu et que l’entretien de la forêt est garanti», relève le TF. Les dossiers sont renvoyés à la municipalité de Mollens (VS) pour complément d’instruction.

Un «coup de frein»

Secrétaire régionale du WWF pour le Valais romand, Marie-Thérèse Sangra exprime sa satisfaction et qualifie la décision du TF de «coup de frein». D’autant que le «Chalet Royal», conçu comme le bâtiment central du complexe projeté, figure parmi les bâtiments pour lesquels le feu vert est annulé.

Initialement, le projet comprenait la construction d’une quarantaine de chalets. Il inclut également un vaste ensemble hôtelier et cinq tours d’une douzaine d’étages. Les travaux, qui auraient dû démarrer l’automne dernier, ne devraient pas débuter avant le printemps prochain.

Dans une décision rendue en juillet 2012, le TF avait déclaré irrecevable un précédent recours des organisations écologistes, qui était dirigé contre l’ensemble du projet. Il avait dénié aux trois organisations la qualité pour recourir dès lors que le site avait été entre-temps radié de l’inventaire des prairies et pâturages secs d’importance nationale.

Les aléas procéduraux ne sont de loin pas terminés. Le WWF s’est également opposé à la construction des tours. Le dossier est toujours pendant devant la commune de Mollens, indique la secrétaire régionale du WWF, Marie-Thérèse Sangra.

Le projet est aussi aux prises avec des difficultés financières. Au printemps 2013, les investisseurs se disputaient et Maxim Temnikov, actionnaire majoritaire, quittait la société. En mai, Evgeny Kogan est entré au conseil d’administration d’Aminona Luxury Resort and Village SA et tous les acteurs précédents du projet ont quitté la société en janvier 2014.

Selon la RTS, Evgeny Kogan est un proche de Vladimir Poutine et propriétaire depuis quelques années d’un chalet à Crans-Montana. L’homme pèserait quelque 950 millions de dollars.

Selon les informations du Temps, Vladimir Marakutsa, le directeur évincé du projet d’Aminona, aurait l’intention de se lancer dans un autre investissement, beaucoup plus modeste, dans la région du Haut Plateau. Certains membres de son équipe auraient choisi de le suivre dans cette aventure, raison pour laquelle ils auraient quitté le conseil d’administration du village royal. A moins que toutes ces péripéties, qui ne sont toujours pas terminées, leur fassent préférer un projet plus modeste mais plus facilement réalisable.

(Arrêt 1C_621/2012 du 14 janvier 2014)