Fabrice Bersier

Agriculteur dans la Broyefribourgeoise

Moi qui n’ai pas encore 40 ans, je me bats pour maintenir un revenu agricole qui soit comparable à ceux des autres secteurs économiques. On peut nous montrer toutes les courbes officielles que l’on veut, je suis sûr que l’introduction des paiements directs n’a pas permis de compenser la baisse des prix agricoles. Nos surfaces ont augmenté, l’appareil de production aussi. A l’heure de travail, notre salaire est à la baisse. Le consommateur n’a pas vu les prix baisser, le paysan n’a pas vu son salaire augmenter, tout le profit est allé à l’industrie agro-alimentaire et à la grande distribution. Des secteurs dont les lobbies sont bien plus puissants que le nôtre!

On ne peut pas changer tout le temps d’axe stratégique. Il y a dix ans, on nous poussait à investir dans la détention de bétail, et maintenant il faut faire le contraire! Pour mon entreprise, j’ai calculé que les subsides de transition représenteront jusqu’à 20% des paiements directs, mais ils sont voués à disparaître au bout de huit ans!

Nous ne sommes pas contre l’écologie, ni contre la production biologique. Mais qu’on nous en demande toujours plus, qu’on nous pousse à aller tous dans cette direction, alors même que la population augmente, cela ne va pas. Les excès des années 80 sont derrière nous, notre agriculture est déjà propre. Le premier objectif des paysans reste de nourrir la population. Nous aimerions être payés pour nos produits plutôt que pour des prestations dictées par l’Etat.

Ce que je devrai faire si la nouvelle politique est adoptée? Souscrire à de nouveaux programmes verts, constituer par exemple avec d’autres paysans un réseau écologique. Le conseiller fédéral Schneider-Ammann a promis d’augmenter le revenu paysan de 110 millions sur quatre ans grâce à un usage plus efficace des ressources et des modes de production, mais on n’y croit pas! ,,