Les deux otages suisses retenus en Libye ont été remis lundi par les autorités libyennes à l’ambassade de Suisse à Tripoli. Ils «se portent bien, eu égard aux circonstances», a annoncé toujours ce lundi le Département fédéral des affaires étrangères, dans un communiqué. La partie libyenne n’a donné aucun motif à cette mesure, a précisé le DFAE. «Aucune indication supplémentaire ne peut être fournie pour l’instant», conclut le texte.

Le président de la Confédération s’est dit «soulagé» de la décision de Tripoli, mais n’a pas voulu en dire plus, le dossier était dans les mains du DFAE, a indiqué à l’ATS son porte-parole Roland Meier.

Les deux Suisses retenus en Libye n’ont pas été maltraités. Ils sont soulagés, en bonne santé et en train de récupérer, a indiqué lundi devant les médias Micheline Calmy-Rey, qui a pu leur parler. Leur situation était toutefois difficile: ils ont été isolés et privés de liberté. Micheline Calmy- Rey n’a pas été en mesure de préciser le lieu où les deux Suisses ont été détenus.

La conseillère fédérale a assuré que la Suisse n’a fait aucune concession. La ministre des affaires étrangères, qui a appris la nouvelle à 12h15, s’est déclarée très heureuse de l’arrivée des otages à l’ambassade suisse à Tripoli. «Maintenant, nous savons où ils sont». «C’est une bonne nouvelle sur le plan humanitaire», a déclaré Mme Calmy-Rey. Elle s’est refusée à tout commentaire sur la tournure qui prendra désormais le dossier. A la question de savoir si l’on pouvait voir dans les derniers événements un signe encourageant ou le début de la fin des problèmes avec la Libye, elle a seulement lâché: «c’est une autre affaire».

Convoqués fin septembre hors de l’ambassade de Suisse sous prétexte d’un contrôle médical, les deux Suisses ont été placés dans un lieu «sûr», avait indiqué Tripoli. Une décision qualifiée d’«inacceptable» par le DFAE. Mercredi dernier, le Conseil fédéral avait annoncé la suspension de l’accord signé avec la Libye le 20 août, face au refus des autorités libyennes de coopérer concernant le sort des deux Suisses retenus en otage.

La commission de politique extérieure du Conseil des Etats, devant laquelle la ministre venait de s’exprimer, a pris connaissance avec satisfaction des dernières nouvelles, a relevé son président Dick Marty (PLR/TI). Pour le reste, la commission continue de soutenir la stratégie du Conseil fédéral, qui «doit se dérouler dans un climat de discrétion». Comme aux échecs, on n’annonce pas ses coups à l’avance. «Il est important de laisser travailler la diplomatie», a poursuivi le Tessinois, refusant de commenter toutes les hypothèses «imaginables ou possibles» qui fleurissent dans les médias

C’est cette «première décision courageuse du Conseil fédéral [qui] a entraîné une réaction de Tripoli», estime Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM) à Genève. La mobilisation de l’opinion publique et d’Amnesty International a aussi porté ses fruits, estime encore le directeur du CERMAM.

«Mais le gouvernement libyen est imprévisible», répond Hasni Abidi interrogé sur un possible retour en Suisse des deux hommes. Il a besoin d’une sortie de crise honorable, raison pour laquelle ce nouveau développement est un «retour à la case départ» et ne signifie pas la «fin du calvaire».

Les relations entre la Suisse et la Libye se sont dégradées depuis l’arrestation de Hannibal Kadhafi, fils du leader libyen Mouammar. et de sa femme en juillet 2008 dans la cité de Calvin. Le couple avait fait l’objet d’une plainte pour maltraitance de deux de leurs domestiques. Hannibal avait passé deux nuits en prison.