Diplomatie
A Bellinzone, le chef du Département fédéral des affaires étrangères et le secrétaire d’Etat américain ont notamment abordé les relations bilatérales et les bons offices de la Suisse en Iran et au Venezuela

C’est dans une capitale tessinoise hautement sécurisée que le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, était en visite officielle ce dimanche. Après des pourparlers entre les délégations américaine et suisse, le chef de la diplomatie des Etats-Unis a tenu une conférence de presse avec son homologue Ignazio Cassis dans le décor enchanteur du Castelgrande de Bellinzone.
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Un accord de libre-échange avec la Suisse est une priorité pour son pays. C’est ce qu’a affirmé Mike Pompeo, répondant à une question de la presse. «S’engager dans des discussions est important, et cela, le plus vite possible.» Heureux d’accueillir l’hôte dans son canton d’origine, le ministre des Affaires étrangères a confirmé cet objectif commun, soulignant l’importance de cette rencontre bilatérale, qui fait suite à son séjour à Washington en février.
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Des échanges à 120 milliards de francs par an
«Cette phase exploratoire est peut-être longue, mais si des négociations s’ouvrent, elles se concluront rapidement», a-t-il assuré, ajoutant que les chiffres entre les deux pays n’ont jamais été aussi bons. «Les échanges s’élèvent à 120 milliards de francs par an et la Suisse est le septième investisseur aux Etats-Unis.» Le secrétaire d’Etat américain s’est félicité que «les relations soient plus robustes que sous l’administration américaine précédente».
Par rapport au dossier iranien, l’ancien chef de la CIA a fait savoir que Donald Trump était prêt à s’asseoir à la table des négociations avec le président Hassan Rohani, sans condition préalable, «lorsque l’Iran se comportera comme un Etat normal». Quant à la volonté de l’administration américaine de «renverser les activités maléfiques de l’Etat islamique», elle demeure intacte. Son autre priorité est de «ramener les prisonniers américains à leurs familles».
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La question iranienne
Rappelant la situation très tendue entre l’Iran et les Etats-Unis, Ignazio Cassis a souligné la «grande souffrance du peuple iranien», liée aux sanctions américaines. La Suisse souhaite fournir des médicaments et des produits alimentaires à l’Iran, où elle représente les intérêts américains depuis 1980. «Cela sera possible seulement si les Etats-Unis libèrent les canaux financiers. Nous sommes confiants.»
Les deux partenaires ont aussi parlé de la Russie et de la Chine, lesquelles ont des relations difficiles avec les Etats-Unis et entre elles. La Russie est active dans certaines parties du monde, comme en Syrie et au Venezuela, d’une façon qui ne correspond pas aux intérêts des pays occidentaux, dans un monde toujours plus multipolaire, a observé Ignazio Cassis. «Malgré cela, des efforts sont faits pour maintenir de bons rapports.»
Mike Pompeo a relevé que la Chine a de grandes ambitions au sein de l’économie mondiale, qu’il accueille favorablement, «pour autant qu’elle respecte les règles du jeu». Quant à l’éventuelle représentation des intérêts américains par la Suisse au Venezuela, une approbation du président Nicolas Maduro est toujours attendue. Les deux parties ont par ailleurs évoqué leur volonté de réanimer la coopération multilatérale.
Petit-fils d’immigrés italiens, Mike Pompeo s’est dit ravi d’être en Suisse, sa visite étant la première d’un secrétaire d’Etat américain en vingt ans. Il a souligné que Donald Trump était le premier chef d’Etat américain de l’histoire à accueillir un président de la Confédération, il y a deux semaines, lorsque Ueli Maurer s’est rendu à la Maison-Blanche.
Pendant ce temps, sur la piazza devant Castelgrande, quelques dizaines de manifestants, sous un soleil de plomb, ont agité des banderoles en scandant des messages, exigeant notamment la fin du blocus au Venezuela.