Une panne chez l’aiguilleur du ciel Skyguide, a empêché les avions d’atterrir ou de décoller dans les aéroports de Genève et Zurich ce matin. Par mesure de sécurité, l’ensemble de l’espace aérien suisse a été fermé par l’entreprise qui assure l’aiguillage des avions dans l’ensemble du pays. L’incident a depuis été résolu, avec une réouverture de l’espace aérien à 8h30.

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Selon des premiers éléments, la panne serait liée à la défaillance d’un composant informatique à Genève, mais pas un problème de logiciel, ni à une attaque. En 2019 et 2022, l’entreprise avait connu plusieurs incidents liés à la délocalisation d’une partie de ses services de gestion informatique en Bulgarie et des problèmes rencontrés chez son partenaire.

Plusieurs heures de panne

Aux alentours de 9h, Genève Aéroport indiquait sur Twitter une reprise progressive du trafic. Plusieurs liaisons ont cependant été annulées. Pour en savoir plus sur l’état de leur vol, les passagers sont invités à se tourner vers leurs compagnies aériennes. Vers 9h30, le hall de l’aéroport restait bondé. Environ 2000 passagers de la première vague de vols qui débute à 6h, étaient en attente de pouvoir embarquer avec plus de trois heures de retard.

L’aéroport de Zurich est resté ouvert pendant la durée de la panne, les passagers pouvaient s’enregistrer mais les embarquements ont été stoppés. Flughafen Zürich a indiqué sur Twitter que les opérations aériennes reprenaient avec des capacités réduites. Jusqu’à 9 h 30, seulement la moitié des vols doivent être opérés et ensuite les opérations de vols sont programmées à 75% des capacités. Depuis 10h, l’aéroport fonctionne à nouveau à pleine capacité, mais des retards sont à prévoir pour l’ensemble de la journée.

L’EuroAirport de Bâle-Mulhouse n'a pas été touché directement par la panne, même si certains vols ont été détournés vers cet aéroport. Peu de vols prévus en début de matinée ont pu décoller de Bâle-Mulhouse ou y atterrir, a indiqué l’aéroport à Keystone-ATS. A l’aéroport de Berne-Belp, les vols de ligne n’étaient pas possibles, contrairement aux avions privés qui sont autorisés à voler à vue. Heureusement, aucun vol de ligne n’était prévu mercredi matin à destination ou au départ de la capitale fédérale, précise le patron de l’aéroport Urs Ryf.

Des vols annulés

Pour connaître l’état des vols au cas par cas, les aéroports de Genève et Zurich conseillaient aux passagers de se tourner vers leurs compagnies. Plusieurs vols long-courriers de Swiss ont été détournés «vers divers aéroports des pays voisins, dont Milan, Lyon et Vienne» tandis que les vols court-courriers n’ont pas pu décoller jusqu’à la résolution de la panne. Au total, 30 vols court-courriers au départ et à destination de Genève et Zurich ont été annulés par la compagnie.

Ces annulations ont touché 6400 passagers pour lesquels Swiss indique chercher des solutions qui pourront prendre la forme de «modification de réservation» selon un porte-parole du transporteur aérien. «La plupart des avions déroutés sont repartis en direction de Zurich», ajoute-t-il. Swiss anticipe des perturbations sur l’ensemble de la journée et invite les passagers à se renseigner sur leur condition de vol sur son site.

Pour sa part EasyJet a dû annuler 24 vols au départ et destination de la Suisse où la compagnie opère à Genève, Bâle et Zurich. Elle aussi s’attend à des perturbations sur l’ensemble de la journée, et comme Swiss, renvoie les passagers vers son site. «Tous les clients affectés par les annulations peuvent bénéficier d'un remboursement, d'un bon d'achat ou d'un transfert gratuit vers un nouveau vol.»

Plusieurs avions détournés

«Sur une journée comme celle-ci, il y a entre 300 et 350 mouvements, cette panne va donc entraîner de grosses perturbations, précise Ignace Jeannerat, porte-parole de Genève Aéroport. Les compagnies font le maximum pour prévenir leurs clients, mais il y aura certainement des problèmes à l’aéroport.»

A Genève, un premier vol d’United Airlines reliant Newark (États-Unis) à Genève a été détourné vers Paris, et deux autres avions, un en provenance de New York et un autre d’Israel, déjà en l’air au moment de l’annonce de la panne, devaient être dirigés vers des aéroports voisins. Finalement, ces deux vols ont rejoint Genève après la résolution de la panne. D’après le quotidien 20 minutes, quatre vols de la compagnie Swiss en provenance de Johannesburg, Dubaï, Chicago et Montréal qui auraient dû atterrir à Kloten ont été détournés vers Bâle et Milan.


Des passagers qui prennent leur mal en patience

Aux abords de l’aéroport de Cointrin, l’ambiance est relativement calme. Rien ne laisse transparaître la tension qui règne au niveau des départs. D’un bout à l’autre du hall, les passagers errent, valises à la main, à la recherche d’informations. Face aux écrans lumineux, le verdict tombe pour certains vacanciers: vol annulé.

C’est le cas de Benoît Granges, père de famille fribourgeois de 49 ans, qui devait passer la fin de semaine à Naples en compagnie de sa femme, de ses deux enfants et d’un couple d’amis. Toute l’équipe s’est levée à 5h du matin pour prendre le train jusqu’à Genève et ensuite rejoindre l’aéroport de Cointrin. Les enfants ont aussi obtenu une dérogation pour manquer 3 jours d’école.

Manque de chance, le vol avec EasyJet qu’ils devaient prendre fait partie des victimes collatérales de la panne de Sykguide. Alors que son épouse est partie en quête d’informations, Benoît Granges tente de rester positif: «J’espère qu’on trouvera un moyen de partir», souffle-t-il, tandis que ses enfants tuent le temps en jouant aux cartes.

A leurs côtés, un tas de bagages, symboles de l’escapade tant espérée. En attendant, Benoît Granges réfléchit à changer de mode de déplacement. «La prochaine fois, on prendra le train pour aller en Europe ou on restera en Suisse. Ce n’est pas la première fois qu’il y a des problèmes avec EasyJet. Le billet n’est pas cher mais ensuite c’est la croix et la bannière pour être remboursé.» Derrière la panne du jour, le père de famille aura peut-être tiré une leçon.

Dans un coin du hall, un groupe d’une trentaine de retraités français s’est réuni, valise à la main. Ils devaient partir à Brindisi pour 8 jours mais leur vol avec EasyJet a été annulé. Scotchée au téléphone, leur accompagnatrice Evelyne, de l’agence de voyage Philibert à Lyon, tente de les rassurer et philosophe: «À tout problème une solution.» Si la plupart des voyageurs gardent leur calme, certains s’impatientent. «C’est pénible de commencer des vacances comme ça, surtout qu’on ne sait pas jusqu’à quand ça va durer.» D’un bout à l’autre du groupe, les plans sur la comète s’échafaudent: descendre à Brindisi en car ou encore changer de destination.

Sylvia Revello