C'est en tout cas le 19 avril prochain que la Commission de l'économie se prononcera sur les articles relatifs à la durée des occupations temporaires. Si l'abolition des emplois temporaires a peu de chances de passer la rampe, la réduction de leur durée est en revanche presque acquise. Concrètement, le Département de l'économie a proposé un amendement suggérant de la réduire de 12 à 10 mois. But véritable de la proposition: rompre avec le système permettant de demeurer pendant cinq ans éloigné du marché du travail selon le schéma suivant: deux ans d'indemnités fédérales, une année d'emploi temporaire et à nouveau deux ans d'indemnités fédérales. Si le chef de l'Economie est prêt à durcir les règles des ETC, il entend compenser ce durcissement par un renforcement des allocations de retour en emploi. D'après un document que Le Temps a pu se procurer, le Département estime à 180 le potentiel de personnes susceptibles de bénéficier des ARE, contre 53 en 2003.
En commission, la situation budgétaire particulièrement difficile pourrait toutefois influer sur les débats. Une partie des libéraux entend réduire les ETC à six mois. D'autant que le coût du chômage a augmenté de douze millions de francs entre 2002 et 2003 (voir ci-dessus). Une augmentation due avant tout à la forte croissance des emplois temporaires, mais aussi à la nouvelle loi fédérale sur le chômage. Si celle-ci prévoit des indemnités fédérales pendant 400 jours, le canton de Genève – dont le taux de chômage (6,9%) est le plus élevé de Suisse – bénéficie pour la deuxième fois d'une prolongation à 520 jours jusqu'au 30 juin prochain. Mais il doit en assumer 20% des coûts. Résultat: ces prolongations accordées par la Confédération ont coûté au canton 3,2 millions de francs en 2003. Leur coût se chiffrera, selon le Département, à 8,2 millions en 2004.
De son côté, le Parti démocrate-chrétien se rangera derrière les propositions de leur magistrat. Le compromis PDC pourrait convaincre une partie de la gauche. Les Verts, qui jugent également nécessaire de moderniser les instruments de lutte contre le chômage, admettent que les occupations temporaires, peu qualifiantes, ne constituent pas un vrai moyen de réinsertion. Néanmoins, le député écologiste Antonio Hodgers met en garde: «Si ces emplois temporaires ne sont pas la panacée, ils ont tout de même une utilité. Ils forcent certains chômeurs à s'organiser, à avoir un rythme de vie. Si on les abolit, le coût social qui en découlera pourrait être bien supérieur aux économies que cette suppression pourrait permettre.»
Le projet de loi de la droite met en tout cas une partie de la gauche devant un choix cornélien. Par courrier du 11 décembre dernier, le conseiller fédéral Joseph Deiss sommait le canton de modifier ses mesures de lutte contre le chômage (LT du 16.02.2004), en particulier les emplois temporaires. Condition sine qua non pour obtenir une troisième prolongation des indemnités fédérales à 520 jours. Si un référendum vient combattre la nouvelle loi du Grand Conseil, et par là les efforts exigés par la Confédération, Genève pourrait bien essuyer un refus de Joseph Deiss. Le député socialiste Roger Deneys ne semble pas s'en soucier: «Si les attaques de la droite sont trop dogmatiques, nous soutiendrons le référendum. Même si on fait face à des menaces fédérales.»