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Moritz Leuenberger ira négocier l'accord aérien muni du blanc-seing des partis

Les partis bourgeois ne veulent pas mettre des bâtons dans les roues des négociateurs. Unique Airport paraît désormais de plus en plus isolé dans sa stratégie de l'intransigeance.

Aucun parti n'a demandé vendredi, lors des entretiens de la Maison de Watteville avec le Conseil fédéral, la rupture des négociations avec l'Allemagne. Le Parti socialiste n'est pas à l'unisson des trois partis bourgeois, mais les quatre formations gouvernementales soutiennent à leur manière Moritz Leuenberger pour la négociation d'un accord aérien mardi avec l'Allemagne. Radicaux, démocrates du centre et démocrates-chrétiens ont écrit jeudi au Conseil fédéral. Celui-ci s'est félicité de ce que le ton de cette missive rompe avec le tour très polémique qui a prévalu jusqu'ici sur la question. Certes, les trois partis bourgeois se prononcent en faveur d'une attitude très ferme, mais c'est avant tout, convient l'un de leurs représentants, pour donner à l'Allemagne le signal que Moritz Leuenberger ne dispose que d'une étroite marge de manœuvre.

Le message adressé par les partis bourgeois au Conseil fédéral continue ainsi à qualifier d'inacceptable une partie importante des dispositions du projet de traité et demande que celui-ci adopte un contingentement du bruit plutôt qu'un contingentement des mouvements aériens. C'est parce qu'elle jugeait ces exigences irréalistes que la direction du PS a renoncé à s'associer à la démarche, comme ses partenaires le lui avaient proposé. «La position des partis bourgeois n'est pas cohérente, ils commettent une erreur en remettant en question les valeurs de référence relatives au bruit», commentait Christiane Brunner. C'est à la présidente du Parti socialiste qu'il revenait, en fonction du tournus en vigueur, de renseigner la presse à l'issue des entretiens de Watteville. Mais l'on a observé que les radicaux avaient délégué leur secrétaire général pour mettre les choses au point en coulisses.

Après avoir «demandé en tout état de cause», et non impérativement exigé, le contingentement du bruit et la primauté du droit de l'UE, les partis bourgeois reconnaissent que le Conseil fédéral est seul responsable de la tactique de négociations et l'assurent de leur soutien. Tout en considérant comme réaliste un report ou une interruption des négociations, ils mettent sur le même pied leur conclusion.

C'est donc dans une position bien meilleure que ce qu'elle était encore la semaine dernière que Moritz Leuenberger ira négocier mardi à Bonn avec les Allemands. Malgré le soutien des aéroports de Genève et de Bâle, et celui de Swissair, qui a actuellement d'autres chats à fouetter, c'est la direction de Unique Airport qui paraît aujourd'hui quelque peu isolée dans son intransigeance. Moritz Leuenberger avait obtenu en début de semaine l'appui des cantons concernés, y compris celui de Zurich. Le soutien conditionnel affirmé par les partis gouvernementaux vendredi à l'occasion des entretiens de Watteville, ou à défaut leur volonté clairement affichée de ne pas mettre de bâtons dans les roues des négociateurs, apparaît comme une manière de blanc-seing accordé au président de la Confédération. Dans ce contexte, la Suisse devrait pouvoir se présenter à Bonn, comme le demandent les trois partis bourgeois, «sûre d'elle-même et responsable».