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Le Mouvement Citoyens genevois refuse de siéger à l'extrême droite du Grand Conseil

Fâchée d'être placée à la droite de l'UDC, la nouvelle formation pourrait perturber la première séance du Grand Conseil, ce jeudi à 17 heures. Pour les politologues, le MCG a bien les caractéristiques d'un mouvement populiste de droite.

«Jusqu'au point 10 de l'ordre du jour du Grand Conseil, c'est-à-dire à la prestation de serment des députés, nous serons assis à la place que les autres partis nous ont assignée. Ensuite tout est possible.» Le mieux élu des neuf députés du Mouvement Citoyens genevois (MCG), Roger Golay a le sens du suspense.

La formation politique, qui a créé la surprise le 9 octobre en obtenant suffisamment de voix pour entrer au Grand Conseil, devrait entamer la première session parlementaire de la législature, ce jeudi 3 novembre à 17 heures, par un coup d'éclat. De quelle manière? Cela sera probablement spectaculaire puisque Eric Stauffer, son candidat au Conseil d'Etat, a conseillé aux photographes de se tenir prêts à déclencher leur flash.

Etiquette d'extrême droite

Car les élus du MCG sont révoltés. Ils ne veulent pas que leur groupe siège à l'extrême droite de l'hémicycle, ainsi qu'en a décidé le Bureau provisoire du Grand Conseil, le 24 octobre dernier. «Les partis de l'Entente socialo-libérale montrent leur mépris du vote populaire», s'insurge Roger Golay. Les députés du MCG estiment qu'en étant forcés de siéger à l'extrême droite, l'opinion de leur électorat est bafouée: «Nous n'acceptons pas l'étiquette d'extrémistes, poursuit le policier. Nous avons été élus avec le slogan ni gauche ni droite: notre véritable place est celle du centre.»

Le détail des votes

L'exigence du MCG de siéger entre les Verts et les démocrates-chrétiens, a été nettement rejetée par le Bureau provisoire du Grand Conseil. Lors du vote attribuant aux groupes politiques leur place durant la législature, seuls deux des sept membres du bureau - issus de chacun des partis - ont approuvé cette suggestion. Il s'agissait de l'élu du MCG et de celui de l'UDC, opposé à la présence du nouveau mouvement à ses côtés.

Les sièges de l'Alliance de gauche

A l'issue d'un premier scrutin destiné à placer le MCG à l'extrême droite, aucune majorité n'a été obtenue (3 oui, 3 non, 1 abstention). Pierre Weiss a alors proposé d'installer le MCG à la place laissée par l'Alliance de gauche. «Assez logique puisque les deux mouvements sont opposés aux travailleurs frontaliers», justifie le député libéral. Là aussi, égalité avec 3 oui et 3 non... Le MCG a pourtant bien failli s'asseoir à l'extrême gauche du parlement. Mais Roger Golay, qui représentait la nouvelle formation, s'est abstenu. «Je l'ai fait parce que le Tribunal administratif n'avait pas encore donné sa réponse sur le recours de l'AdG.» Le MCG semble aujourd'hui s'en mordre les doigts. Eric Stauffer admet quelques accointances avec l'Alliance de gauche: «Même si nous n'allons pas nous substituer à leurs élus, nous regrettons leur disparition.»

Le bureau du Grand Conseil a voté une quatrième fois. Pierre Weiss, qui s'était abstenu, a finalement accordé sa voix pour placer le MCG à l'extrême droite. Le député dit s'être rangé à cette décision, «car, à sa naissance, cette formation, fondée par un dissident de l'UDC, s'appelait le Mouvement blochérien genevois, donc davantage proche de l'extrême droite que du centre». Pierre Weiss s'étonne que le MCG soit choqué: «Lorsque vous arrivez en dernier à une table, vous vous asseyez là où on vous propose un siège.»

Smartvote en référence

Même s'ils n'ont pas encore formellement décidé quel coup d'éclat ils entreprendront ce jeudi, les députés du MCG se sont préparés au jeu démocratique: ils ont rédigé deux résolutions. L'une suggère que la place des partis soit tirée au sort, «pour dépasser un vocabulaire politique hors d'âge». L'autre d'utiliser les profils politiques élaborés par Smartvote. «Ce système neutre qui représente une base de référence place notre députation au centre», estime Roger Golay.

Le MCG est-il réellement ni de gauche ni de droite? Pascal Sciarini, directeur du Département de science politique à l'Université de Genève, reconnaît que la formation «est difficilement classable sur l'axe traditionnel gauche-droite qui traduit des critères liés à la répartition des richesses et au rôle de l'Etat. Et ceci parce que leurs positions sont contradictoires. Ils proposent d'instaurer un 13e salaire à la fonction publique tout en supprimant des postes.»

«Populiste de droite»

Toutefois, le politologue note que pour qualifier un parti politique on utilise aussi l'axe Ouverture sur le monde/Conservatisme. Et, dans ce domaine, le MCG est davantage proche de l'UDC que des partis du centre. Sur la base du programme électoral du MCG, Pascal Sciarini estime que la nouvelle formation possède «les caractéristiques d'un mouvement populiste de droite». Elle lui rappelle «le poujadisme français».