D’Areva à la RAF
Autre piste: celle de l’espionnage industriel. Coïncidence troublante, Saad al-Hilli était ingénieur et travaillait dans l’aéronautique; le cycliste tué travaillait pour une filiale du groupe nucléaire français Areva; le cycliste britannique qui a découvert la scène de crime et alerté les secours est un ancien pilote de la Royal Air Force. «Mais les vérifications faites jusqu’à présent laissent à penser que seul le hasard a réuni ces personnes», avance Eric Maillaud.
La piste la plus sérieuse demeure celle du différend familial autour de l’héritage. Un vif contentieux opposait Saad à son frère aîné, Zaïd, 54 ans, lié à la succession (3 à 5 millions d’euros) de leur père, mort en 2011 dans une maison de retraite de Malaga, en Espagne. Celui-ci a laissé derrière lui plusieurs biens immobiliers, dont la maison de Claygate qu’occupait Saad, dans la banlieue londonienne, un appartement en Espagne et d’autres biens en Irak, où le clan Al-Hilli avait fait des affaires avant la guerre. De grosses sommes avaient aussi été déposées sur plusieurs comptes numérotés à l’étranger, dont la Suisse, où «dorment» quelque 900 000 euros. En août 2012, Saad avait pris rendez-vous avec un banquier de la place de Genève à propos de ce dépôt.
Fin juin, Zaïd al-Hilli a été placé en garde à vue dans le Surrey (sud de Londres) et son domicile a été perquisitionné. Relâché faute de charges suffisantes, il a été placé sous contrôle judiciaire. Mais si le contrat familial avec commanditaire et tireur expérimenté recruté reste une hypothèse, il est souvent évoqué, d’autant que les meurtres ont été commis de manière professionnelle: «21 coups tirés et pas un seul dans la carrosserie de l’automobile, aucune trace d’ADN et l’arme utilisée, un Luger P06 de calibre 7,65 mm parabellum qui équipait l’armée suisse, brouille la traçabilité balistique», résume Eric Maillaud.