Revue de presse
Les médias dominicaux imaginent la manière dont la Suisse pourrait régler l'immigration européenne. Ils admettent que l'UE aura la tête ailleurs et ne sera guère disponible pour négocier avec la Suisse

Comment la Suisse réussira-t-elle à gérer ses relations avec l'Union européenne et avec la Grande-Bretagne après la décision de cette dernière de quitter le cercle des Vingt-Huit? Cette question est à la une de la presse dominicale.
La solution pourrait être ce que la SonntagsZeitung appelle «Ambühl 2.0». Il s'agit de la mise à jour du modèle de clause de sauvegarde élaboré par le professeur Michael Ambühl, ancien secrétaire d'Etat, à la demande du canton du Tessin et de la Conférence des gouvernements cantonaux (CdC). Ce modèle sera mis en discussion au sein de la Commission des institutions politiques (CIP) du Conseil national jeudi prochain.
Le principe de base est d'actionner le levier de la clause de sauvegarde lorsque la situation économique et sociale est tendue dans une branche ou dans une région donnée. Michael Ambühl avait constaté que le frein migratoire aurait pu être tiré pour les frontaliers italiens au Tessin entre 2008 et 2013, rappelle NZZ am Sonntag.
L'exemple des taxis tessinois
Dans la SonntagsZeitung et Le Matin Dimanche, le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann s'exprime à ce sujet. «Une limitation chiffrée de la libre circulation n'est pas possible. Mais j'estime que la solution de l'ancien secrétaire d'Etat Michael Ambühl a certaines chances», commente-t-il. Il donne un exemple concret: «Supposons qu'au Tessin il y a une forte immigration de chauffeurs de taxi et qu'en même temps le chômage s'accroît beaucoup parmi les chauffeurs de taxi. Les autorités pourraient alors agir et limiter l'immigration par le biais d'une préférence indigène dans cette branche et dans cette région.»
Le problème, c'est que cette solution, même si elle est moins restrictive que des contingents, n'est pas non plus compatible avec le principe de la libre circulation des personnes. Un avis de droit de l'Office fédéral de la justice, cité par la NZZ am Sonntag et la SonntagsZeitung, le souligne. La porte est donc étroite. Mais elle est entrouverte pour des pourparlers avec l'UE jusqu'en octobre, date à partir de laquelle Bruxelles entamera des négociations avec Londres, insiste le ministre des Affaires étrangères Didier Burkhalter dans Schweiz am Sonntag.
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Le réveil des populistes
Samedi, devant les délégués du PLR réunis à Brugg (AG), Didier Burkhalter a par ailleurs signalé la volonté du Conseil fédéral d'entreprendre des négociations avec la Grande-Bretagne. La NZZ am Sonntag rappelle les pistes évoquées par le Neuchâtelois: accord de libre-échange, accord open sky pour le trafic aérien figurent tout en haut de la liste des priorités.
Plusieurs journaux dominicaux mettent l'accent sur le réveil des populistes. La SonntagsZeitung signale l'appel lancé par la leader de l'Alternative für Deutschland (AfD) Frauke Petry aux forces nationalistes européennes, dont l'UDC. Christoph Blocher n'a jamais voulu frayer avec les formations politiques de l'extrémité droite de l'échiquier politique. Albert Rösti confirme: «La Suisse est neutre, nous rejetons l'idée de conclure des pactes avec des partis étrangers.»