«Neuchâtel peut être fier de Didier»
élection au conseil fédéral
Une forte délégation du PLR neuchâtelois a suivi l’élection depuis le Café fédéral, dans la liesse. Reportage
«Nous sommes les enfants heureux de la meilleure des patries.» Dès l’annonce de l’élection de Didier Burkhalter, peu après 10 heures, la soixantaine de sympathisants du parti libéral-radical neuchâtelois réunis au Café fédéral ont entonné l’hymne cantonal. La liesse s’est poursuivie plusieurs minutes, agrémentée de larmes de joie et de rasades d’absinthe.
Les «Didier, Didier, Didier» scandés sur l’air des lampions contrastaient avec la tension des heures précédentes. Au départ du bus affrété tout exprès par le PLRN pour relier Berne, on évitait de s’enflammer. «On ne sais pas trop à quoi s’attendre, mais on reste confiant», indiquait Jean-Bernard Wälti, chef du groupe libéral-radical au Grand Conseil. La police bernoise n’a pas contribué à détendre l’ambiance: une patrouille mobile a arrêté le convoi sur l’autoroute pour un bref – mais remarqué – contrôle routier. Certains y ont vu, sur le moment, un mauvais présage...
La crispation s’est encore accrue à l’arrivée au Café fédéral. Il faudra attendre le résultat du troisième tour de scrutin pour que l’ambiance se détende. Soupirs de soulagement quand Christian Lüscher annonce son retrait. Sifflé quelques minutes auparavant, le Genevois est maintenant chaleureusement applaudi. «On l’a mal jugé, il est digne», souligne une militante, visiblement conquise.
Le bonheur de Jean Studer
Une fois la victoire annoncée, de nouveaux chants sont entonnés. Ils se poursuivront sur la Place fédérale jusqu’à l’arrivée du héros du jour, à midi moins le quart. En marge de la bousculade, le conseiller communal (exécutif) de la Ville de Neuchâtel Pascal Sandoz évoque «sa grande émotion » de voir son ancien collègue atteindre le Conseil fédéral. «Il va travailler pour l’unité du pays. C’est une grande journée pour Neuchâtel, mais aussi pour toutes les régions périphériques. On peut être fier de lui.» Au Palais fédéral, l’homme fort du gouvernement cantonal, Jean Studer, est radieux. Des mots tout simples lui suffisent pour saluer l’heureuse nouvelle: «C’est un bonheur de voir un des nôtres accéder au Conseil fédéral.»
Après avoir accompli ses obligations médiatiques, Didier Burkhalter a rejoint le Café fédéral peu avant 13h. Entouré par sa famille, il a brièvement salué quelques amis avant de se retirer pour déjeuner avec le groupe libéral-radical et les conseillers fédéraux Pascal Couchepin et Hans-Rudolf Merz. Il est apparu tout sourire à la fenêtre de l’établissement peu après 14h30 après que ses supporters ont entonné un hymne neuchâtelois modifié à sa gloire. «Il est beaucoup plus détendu que ce matin, rève un septuagénaire ravi. La fonction lui réussit. Pourvu que ça dure.»
Neuchâtel habitué aux honneurs
Neuchâtel fait son grand retour au Conseil fédéral. Le canton restait sur le mauvais souvenir de l’affaire Matthey. En 1993, le socialiste de La Chaux-de-Fonds Francis Matthey avait été élu par l’Assemblée fédérale pour succéder à René Felber. Il avait été choisi de préférence à la syndicaliste genevoise Christiane Brunner. Ce choix a vait provoqué l’ire des femmes socialistes. A la demande de son parti, et après une semaine de réflexion, Francis Matthey avait décliné, à contre coeur, son élection. le Parlement s’était alors tourné vers Ruth Dreifuss.
Didier Burkhalter est le neuvième conseiller fédéral neuchâtelois. Le canton de Neuchâtel est le plus représenté au Conseil fédéral relativement à son poids démographique. C’est par exemple davantage que Genève (5) ou Argovie (5). Seuls les grands cantons de Zurich (20), Vaud (14) et Berne (12) ont obtenu plus de conseillers fédéraux.