Réunie en assemblée générale jeudi à Couvet, l’UDC a en effet préféré élire à sa tête l’expérimenté Walter Willener, 66 ans, qui restera comme le premier UDC à avoir présidé le Grand Conseil neuchâtelois. Peu connu hors des frontières de son canton, l’homme est influent. En 2001, c’est lui, l’ancien «radical de droite», qui fonde la section neuchâteloise du parti agrarien et propulse à sa présidence un jeune inspecteur de police, Yvan Perrin. Deux hommes dont les relations vont finir par se détériorer.
«Yvan Perrin a fait son temps»
C’est l’éventualité d’une accession à la présidence cantonale de son ancien poulain qui a convaincu Walter Willener, retiré de la politique active, de reprendre du service. Il ne s’en cache pas. «Yvan Perrin doit comprendre qu’il a fait son temps», cingle le nouveau président. Ce dernier évoque «sa déception» envers celui qui a longtemps incarné la nouvelle UDC romande blochérienne. Outre sa démission du Conseil d’Etat suite à une dépression, Yvan Perrin présidait le parti lors de la débâcle des élections cantonales d’avril 2017 qui a vu l’UDC perdre plus de la moitié de sa députation.
«Devant cet état de délabrement, je ne pouvais plus rester en retrait», plaide encore Walter Willener, qui n’a annoncé sa candidature surprise que quelques heures seulement avant l’assemblée générale. Sa priorité est de redonner une crédibilité à l’UDC neuchâteloise. «Il faut sortir des histoires de bac à sable et travailler ensemble pour le bien du parti», insiste l’ancien député. Pour preuve, il se dit prêt à travailler avec Yvan Perrin qui a été finalement désigné vice-président.
Le parti peut-il réellement retrouver une certaine sérénité? Rien n’est moins sûr. Car, lors de l’assemblée générale, Walter Willener a placé un caillou dans la chaussure d’Yvan Perrin, en militant pour la réintégration de Raymond Clottu, exclu en avril 2017 pour ne pas avoir payé ses cotisations et avoir critiqué la direction du parti. Représenter son conseiller national sortant serait à ses yeux la meilleure chance de l’UDC neuchâteloise de sauver son unique siège sous la Coupole. Un pied de nez à Yvan Perrin d’ores et déjà candidat à la candidature pour le Conseil national. Ambiance.
Candidature maintenue
«Sur le potentiel de Raymond Clottu, je suis d’un point de vue diamétralement opposé à celui du nouveau président», réagit Yvan Perrin, qui souhaite toutefois calmer le jeu pour ne pas «ajouter des fractures aux fractures». Il se félicite de la désignation de Walter Willener, un «homme d’une grande expérience politique». Il entend dans tous les cas maintenir sa candidature en vue des élections fédérales.
Formellement, Raymond Clottu devra avant toute chose être réintégré dans sa section du Locle. Contacté, le conseiller national estime qu’il est «prématuré» d’évoquer un éventuel retour au sein de sa formation d’origine, mais affirme qu’il a «toujours laissé la porte ouverte». Quoi qu’il en soit, l’UDC neuchâteloise s’apprête à vivre un printemps agité, car, vu les antécédents, difficile d’imaginer Yvan Perrin et Raymond Clottu sur la même liste l’automne prochain.