Comparées à celles d’autres cantons et de villes de même grandeur, les statistiques neuchâteloises de la criminalité ne sont pas bonnes. Pourtant, Neuchâtel n’est pas le cancre sécuritaire dépeint par les chiffres fédéraux. Pour deux raisons techniques. Le service d’encodage de la police a effectué un déménagement entre 2014 et 2015, avec à la clé un décalage de six semaines: 800 infractions commises en 2014 sont passées dans la statistique de 2015.

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A Neuchâtel, on inventorie les infractions selon tous les chefs d’accusation. Un vol, c’est en principe aussi un dommage à la propriété. Résultat: les cambriolages sont en baisse de 22%, mais leur comptabilisation statistique augmente de 65%! 

Autre paradoxe: les cambriolages dans les appartements diminuent de 534 en 2014 à 342 en 2015. Il y a, statistiquement, 1 à 2 chances sur 100 d’être victime d’un cambriolage. Pourtant, 56,5% des Neuchâtelois estiment vraisemblable qu’on tente de cambrioler leur habitat dans les douze prochains mois, contre 33,1% en moyenne suisse. Malgré cette crainte, plus du quart des cambriolages sont opérés sans effraction, les appartements n’étant pas verrouillés.

Le ministre de la Sécurité, Alain Ribaux, s’évertue ainsi à asséner que les infractions diminuent, qu’il n’y a eu qu’un seul brigandage de bijouterie - «et ses auteurs ont été interpellés» –, que le sentiment d’insécurité est inadéquat et qu’on peut sans autre se promener, la nuit, dans les rues sans crainte d’agression.