L’ancien conseiller fédéral René Felber est décédé dimanche. Il était âgé de 87 ans. La carrière du socialiste neuchâtelois a débuté dans la ville du Locle, dont il a été le maire jusqu’en 1980. Il fut aussi député au Grand Conseil neuchâtelois puis conseiller d’Etat, fonction qu’il exerça de 1981 à 1987. Cette année-là, le Parti socialiste le sollicita pour qu’il dépose sa candidature pour la succession d’un autre socialiste neuchâtelois, Pierre Aubert, au Conseil fédéral.

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La situation était inhabituelle, car René Felber avait déjà été candidat contre Pierre Aubert dix ans auparavant. Il fut alors battu par son aîné. En 1987, René Felber se lança néanmoins dans la course et la remporta. Il reprit des mains de son ami et prédécesseur neuchâtelois les rênes du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) le 1er janvier 1988.

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Le «dimanche noir» du 6 décembre 1992

Il endossa le costume de ministre des Affaires étrangères dans un contexte particulier, celui de la reconfiguration du continent européen en cette période de fin de la guerre froide. Il défendait l’idée d’une ouverture de la Suisse et de son positionnement à la nouvelle donne politique mondiale. Il contribua aussi à refaçonner la politique de neutralité.

C’est sous sa houlette que la Suisse entama des négociations de participation à l’Espace économique européen (EEE). Ce traité économique combattu par Christoph Blocher et l’UDC fut soumis au peuple le 6 décembre 1992, quelques mois après que le Conseil fédéral eut déposé la demande d’adhésion de la Suisse à l’Union européenne. Le rejet de l’EEE fut particulièrement douloureux pour René Felber, comme pour son collègue vaudois Jean-Pascal Delamuraz, qui, le soir du 6 décembre, parla d’un «dimanche noir».

Un peu plus d’un mois après cet échec, René Felber, victime de problèmes de santé, annonça sa démission du Conseil fédéral. Sa succession permit au Parti socialiste, après moult rebondissements, de placer une femme au gouvernement, en l’occurrence Ruth Dreifuss.