Un MOOC de l’Université de Neuchâtel sera bientôt utilisé dans le Grand Nord. Le système d’enseignement à distance qui regroupe du contenu multimédia a obtenu le soutien de la National Science Foundation à hauteur de 200 000 dollars. Une première pour l’institution. Mené en collaboration avec l’Université de Fairbanks, en Alaska, le projet débutera en janvier pour une durée de 18 mois. L’enjeu? Observer les interactions entre homme et animal lors des courses de chiens de traîneau qui relient le Canada à l’Alaska, sur des milliers de kilomètres enneigés. A terme, la somme des données ethnographiques collectées servira à diverses entités publiques ou privées, des centres de conservation du patrimoine aux cabinets vétérinaires.

Observation de terrain

Pour alimenter la plateforme avec films, photos, interviews et textes: une équipe de cinq chercheurs, dont une étudiante de Neuchâtel, basée à Fairbanks. Rapport au territoire, sociabilité des chiens, logique de concurrence: l’accent est mis sur l’observation de terrain. «Le format MOOC (massive open online course) permet aux étudiants de travailler de manière autonome par paliers, explique Ellen Hertz, directrice de l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel (UniNE). Une méthode d’apprentissage particulièrement adaptée à des régions à faible densité de population.»

Autonomie interactive

Baptisé SELIN (self-inducted learning infrastructure), le programme informatique de base a été développé il y a deux ans à l’UniNE. Il permet un retour personnalisé ou une correction automatique. «C’est la première fois qu’on développe un support interactif avec une pédagogie aussi poussée», précise Ellen Hertz. Le système a jusqu’ici permis de mener des études sur les matchs au loto dans le canton de Neuchâtel et les skateparks à Bienne. «Le développement d’outils pédagogiques innovants est l’un des objectifs fixés par le Conseil d’Etat neuchâtelois», ajoute Fabian Greub, chargé de communication à l’UniNE.

«Phénomène social global»

Très populaires dans le Grand Nord, les courses de chiens de traîneau vont être étudiées en tant que «phénomène social global». «C’est-à-dire qui mobilise tous les aspects de la société: économique, technologique, culturel et même religieux, la traversée étant vécue comme une quête de soi», précise Ellen Hertz. Elles permettent également de tisser un lien entre les Amérindiens, les Inuits et les «Anglos», surnom donné aux Blancs en Alaska. «En mettant en ligne des entretiens filmés avec des professionnels, des photos et des documents, on centralise des données audiovisuelles accessibles en tout temps», estime la directrice.